Intervenons-nous

Il ne l’annonce pas officiellement, mais Justin Bitakwira, ancien Ministre du Développement rural, pourrait bel et bien quitter sa plateforme politique; le Front Commun pour le Congo (FCC). L’homme ne manque pas de motif! Ce dimanche 22 novembre 2020 à Goma, il a indiqué que cela fait 2 ans qu’il n’a pas été invité dans les réunions de la plateforme de Joseph Kabila.

A la question de savoir si aujourd’hui on peut considérer qu’il a quitté le FCC, et qu’il aurait basculé, Bitakwira a répondu : «Je suis partenaire privilégié du Président de la République, Félix Tshisekedi. Retenez ça comme ça.» Partenaire privilégié du Président de République, que le FCC accuse d’avoir maintes fois violé la Constitution et l’accord signé entre lui et Kabila… demandant même à ses cadres de ne pas participer aux Consultations nationales qu’il a initiées.

Bitakwira a pourtant répondu favorablement à l’invitation de Tshisekedi. A la question de savoir s’il continuera ou non à collaborer avec le FCC, il répond : « J’aurai l’occasion de l’annoncer. N’anticipez pas les faits.»

Humilié hier, humilié aujourd’hui

Pour la petite histoire, Bitakwira est, en effet, un ancien cadre du parti de Kamerhe qu’il a quitté à l’issue d’un bras de fer fracassant qui avait débuté en décembre 2014 après sa démission à la tête du Groupe parlementaire de l’UNC, finissant par la création de son propre parti en 2016. L’ancien ministre Bitakwira a rejoint, par la suite, le pouvoir de Joseph Kabila, alors que l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Kamerhe est restée dans l’opposition.

En quittant le parti de Kamerhe, Bitakwira avait dit avoir subi des humiliations et qu’il n’était plus considéré. «J’ai commencé à subir des coups qui frisaient le mépris» disait-il à Jeune Afrique en décembre 2014.

L’histoire se répète, Bitakwira se plaint encore une fois d’avoir été oublié, écarté par son regroupement politique; le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila.

« Quand les gens m’ont vu aller rencontrer le Président de la République, ils se sont posé la question de savoir si j’ai quitté le FCC ou pas. Je vais leur répondre. Ça fait deux ans que je n’ai pas été invité dans les réunions du FCC. Je n’appartiens à aucune instance du FCC. Vérifiez les images de la retraite de Safari Beach, vous ne me verrez pas. Je ne sais pas s’il y avait de droit d’entrée, et qu’on a considéré que je n’ai pas d’argent pour payer les frais d’entrée. » s’est justifié Bitakwira ce dimanche à Goma.

Transhumance et l’inconstance «sans gêne» des acteurs politiques

Mais pourquoi il le dit seulement après avoir rejoint les consultations initiées par Tshisekedi, contestées par le camp Kabila dont il faisait en théorie partie? Seul Bitakwira peut y répondre. Mais un politique ne cache pas son désarroi face au comportement de plusieurs hommes politiques congolais, opportunistes dirait-il. «La politique en RDC, une politique au gré des vagues et une classe politique caractérisée par la transhumance et l’inconstance sans gêne de ses acteurs.» réagit-il au message de Bitakwira.

D’ailleurs, en prélude de ces consultations initiées par Tshisekedi pour la création, selon lui, d’une union sacrée de la République; l’un des grands journalistes du Kivu Magloire Paluku avait prévenu que ce genre d’inconstances ne pourraient pas manquer, parlant de la prostitution politique:

«Un débauché politique est un prostitué politique, un dévergondé, un putain, un homme de joie, un call-man…; plus de cinquante fois il est qualifié dans le péjoratif . Le politiquement correct est un bluff ici !. En RDC, notre beau pays, c’est quand il y’a crise politique, c’est quand il y’a dialogue; c’est quand il y a consultations et tables rondes que l’on reconnaît les fidèles, les prostitués, les soumis, les moraux et les indécis.» disait Magloire Paluku le 27 octobre dernier.

Signalons que Bitakwira a été vu plusieurs fois aux côtés du Président de la République ces derniers jours; dans le cadre des consultations nationales, et dans un cadre privé. Tshisekedi l’aurait confié une mission de médiation aux conflits intercommunautaires; qui sévissent actuellement dans les hauts et moyens plateaux de Fizi-Mwenga-Uvira. Mais plusieurs analystes s’interrogent sur le degré de crédibilité d’un tel acteur politique « Instable »; pour que le chef de l’Etat lui confie la mission de paix et réconciliation dans le Sud du Sud-Kivu. Nombreux s’interrogent si c’est la gratification de l’homme qui a aidé par son témoignage à écarter auprès du « Chef », un allié encombrant dans un procès dit des 100 jours dont l’indépendance est fortement mise en cause. 

Un internaute le dit d’ailleurs: « il était le seul témoin ou renseignant du Procès 100 jours qui n’avait pas encore été gratifié pour avoir témoigné contre Kamerhe ». Pourvu, visiblement, que ça rapporte du pain!

Museza Cikuru

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