L’audience en chambre foraine, dans le procès opposant Vital Kamerhe, Samih Jammal et consorts au ministère public, s’est ouverte ce lundi 11 mai, dans les enceintes de la prison de Makala, devant le tribunal de Grande instance de Gombe.
Comme d’habitude pour ce premier jour, le Tribunal a procédé à l’identification des prévenus, et d’autres procédures s’en sont suivies pour le bon port du procès. Ce même jour, une brève confrontation avec les trois principaux prévenus est intervenue, pour permettre à la cour d’avancer avec le début de l’instruction.
Après Samy Jammal et Jeannot Muhima, le prévenu Vital Kamerhe est passé à la barre pour répondre à quelques question du Tribunal.
Lire aussi RDC: début ce lundi du procès de Vital Kamerhe et autres (DIRECT)
À sa première prise de parole, Vital Kamerhe a rappelé qu’il n’est pas là pour amuser la galerie, précisant que le programme de 100 jours appartient au Président de la République. Il est avant tout élaboré et approuvé par le chef de l’Etat lui même, avant sa mise en exécution.
« Le programme de 100 jours est un programme du président de la République. Il ne s’agit pas d’un programme de monsieur Kamerhe. Il est avant tout élaboré et approuvé par le Chef de l’Etat avant sa mise en exécution. Vous avez suivi le ministère public, dire la date du lancement de ce programme par le Président de la République. C’est comme si aujourd’hui parler du programme de 100 jours, est devenu assimilable à un crime ou à un détournement… Mais je n’en était pas le seul superviseur. Il y avait toute une équipe de supervision, et une équipe de coordination. » a insisté Vital Kamerhe.
La Présidence à la place de la primature
Le Tribunal a poursuivi, voulant savoir Vital Kamerhe est intervenu dans ce programme en quelle qualité, et son rôle.
« Je suis directeur de cabinet du chef de l’état. On doit exécuter le programme du chef de l’Etat. C’était déjà une situation inédite. Parce que d’habitude le programme c’est celui du Premier ministre. Mais parce que nous avions un Premier ministre issu d’une assemblée qui venait d’être balayée par une nouvelle Assemblée, et nous n’avions pas un Premier ministre. Donc le président de la République devait croiser les bras, et ne rien faire? Je suis intervenu au nom du président de la République, pour que ces travaux se fassent et que nous puissions répondre aux besoins du peuples congolais. Dans le secteur de l’éducation, la santé, routes et même de la gratuité de l’enseignement chez nous, parce que beaucoup ne savent même pas que la gratuité de l’enseignement était inclue dans le programme de 100 jours, on choisit ce qui semble créer de la confusion. » a fait savoir le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi.
Kamerhe sur Samih Jammal: « j’ai rencontré beaucoup de gens »
À la question de savoir si le directeur de cabinet du chef de l’état connaît le libanais Samih Jammal, le patron de l’entreprise qui a décroché le marché du projet de construction des maisons préfabriquées, dans ce programme de 100 jours, Vital Kamerhe a répondu en ces termes :
« Je vais le connaître à quel titre? Tous les opérateurs économiques, tous les prestataires sont passés à la commission. Ils ont été valides là bas, ils m’ont jamais rencontré. J’ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie, comment voulez vous que je me rappelle de milliers des personnes que nous avons rencontrés pendant la campagne? » a-t-il dit.
Maisons préfabriquées: « le Gouvernement n’a pas encore payé »
Pour le cas de Jeannot Muhima, il doit le connaître de nom. Kamerhe précise que les containers qui ne sont pas encore arrivés, c’est parce que le Gouvernement n’a pas encore payé.
« C’est aujourd’hui que je viens de découvrir son visage. Notre administration à nous, celle que j’ai impulsé à la présidence de la République, ce n’est plus celle de recevoir les agents dans nos bureaux. J’ai écris un document, j’ai demandé au comptable à transfer vite chez monsieur Muhima, chargé de la logistique, pour accélérer la démarche. Je n’ai pas besoin de voir Muhima. Je ne touche pas l’argent, je fais pas le transfert, chacun fait son travail. Et moi je regarde les cahiers des charges. J’ai vu que les containers du Mbujimayi sont arrivés une partie. Kinshasa une partie, Kananga non, parce que on n’a pas payé. Sud-Kivu non, parce que on n’a pas payé, ça se trouve à Darslam. Matadi non, parce qu’on n’a pas payé, on a pas détourné les containers, ça se trouve à Istanbul. » précise-t-il.
« Je ne suis pas le seul »
Le ministère public voulant savoir si Vital Kamerhe, entant que superviseur était seul à assumer ce rôle, Kamerhe a indiqué qu’il n’était pas seul. Il a fait savoir que l’équipe de supervision était composée de neuf personnes dont lui, son adjoint, le Gouverneur de la banque centrale, le délégué de la primature, et quelques autres personnes.
« Nous étions une équipe de supervision. Neuf au total. Le document est là, il y avait Kamerhe directeur de cabinet, Kolongele comme directeur de cabinet adjoint, le Gouverneur de la banque centrale, le ministre de budget de l’époque, le représentant de la primature,… En plus de ces neuf, il y avait la coordination, ce qui est étonnant ici, on ne voit que Kamerhe. La coordination était assurée par monsieur Nicolas Kazadi, Ambassadeur itinérant du chef de l’état. » a-t-il martelé.
48 heures pour se prononcer sur la liberté provisoire
Les avocats de Vital Kamerhe ont demandé au tribunal d’examiner la demande de mise en liberté provisoire de leur client.
Après les quelques questions posées par le tribunal, et sur demande des parties prenantes, la poursuite de l’instruction à été renvoyée au 25 mai prochain.
Reste ensuite à statuer sur la demande de remise en liberté déposée par les avocats de Vital Kamerhe. Une décision sur laquelle les juges n’ont finalement pas tranché, ce lundi, annonçant que leur décision sur ce point interviendra sous 48 heures.
Bertin Bulonza