Le cardinal Fridolin Ambongo a vivement réagi, dimanche 14 décembre 2025, à la prise de la ville d’Uvira par les rebelles de l’AFC-M23 et leurs supplétifs, lors de la clôture de la 15ᵉ Assemblée de l’Association des Conférences épiscopales de l’Afrique centrale (ACEAC). Cette rencontre a réuni les conférences épiscopales de la République démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi.
Dans son intervention, l’archevêque métropolitain de Kinshasa a exprimé de profonds regrets face à ce qu’il qualifie de temps perdu et de vies humaines inutilement sacrifiées.
« Si les appels de la CENCO et de l’ECC avaient été entendus, notamment après la prise de Bunagana, combien de vies humaines aurait-on pu épargner ! Mais hélas, que du temps perdu, que de victimes que l’on pouvait éviter », a-t-il déploré.
Le cardinal Ambongo s’est également interrogé sur le contexte politique et diplomatique entourant cette nouvelle escalade sécuritaire, alors que la prise d’Uvira intervient à moins d’une semaine de la signature annoncée d’un accord de paix à Washington, sous l’égide du président américain Donald Trump.
« Comment comprendre qu’à moins d’une semaine de la ratification des accords de Washington, la ville d’Uvira tombe sous occupation ? Comment ne pas voir dans cette chute les limites mêmes de ces accords et des autres initiatives qui excluent subtilement les Congolais et veulent normaliser le pillage systématique des ressources du Congo ? », s’est-il interrogé.
Le prélat a rappelé que l’initiative portée par les évêques de la CENCO et les pasteurs de l’ECC rejette toute logique de représailles, d’exclusion et de triomphalisme qu’il qualifie d’éphémère et désarmant. Selon lui, cette démarche vise à s’attaquer aux causes profondes du conflit en réhabilitant la vérité, la justice et la dignité humaine.
« C’est ici le lieu de convier tous les protagonistes de la crise en RDC, toutes les forces vives de notre pays, ainsi que la communauté internationale à soutenir cette initiative et à la faire avancer », a-t-il appelé.
Le cardinal Ambongo a par ailleurs condamné fermement ceux qui considèrent la guerre comme une solution à la crise sécuritaire en RDC. Il a illustré son propos par une référence biblique tirée de l’Évangile selon Matthieu.
« Notre génération ne serait-elle pas comparable à celle que Jésus interpelle en ces termes : “Nous vous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ; nous avons chanté des lamentations et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine” », a-t-il cité, en référence à Matthieu 11,17.
Enfin, le cardinal estime que l’aggravation actuelle de la crise sécuritaire confirme la pertinence de l’initiative conjointe CENCO–ECC pour la paix et le vivre-ensemble en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs.
« Ce pacte apparaît comme le chemin incontournable d’une paix désarmée et désarmante, d’une paix authentique et durable dans notre sous-région », a-t-il conclu.