La situation sécuritaire dans la plaine de la Ruzizi, en République Démocratique du Congo, s’est gravement détériorée ces dernières semaines, malgré le déploiement d’une nouvelle unité militaire de la FARDC dans le groupement d’Itara, incluant les localités de Katogota, Luvungi et Lubarika. Le 24 janvier 2025, l’Association Contre le Mal et pour l’Encadrement de la Jeunesse (ACMEJ), une organisation de défense des droits humains, a exprimé de vives préoccupations quant à l’aggravation des violences dans la région, notamment des assassinats, des pillages et des incursions armées nocturnes.
Les récentes attaques, survenues notamment à Luvungi, rappellent les périodes les plus sombres de la région, indique l’organisation.
Des hommes armés à feu, inconnus des autorités locales, continuent de s’introduire dans les habitations, tuant et pillant sans que les forces de sécurité ne réagissent de manière efficace.
Selon les témoins, les assaillants s’attaquent en particulier aux commerçants locaux, comme en témoigne le meurtre brutal d’un jeune homme de 23 ans, vendeur de carburant et opérant sur le système Airtel Money.
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2025, une famille a été victime d’une attaque meurtrière : après avoir brisé une fenêtre, les criminels ont tué un homme et blessé grièvement son frère. Cette agression s’ajoute à une série d’incidents similaires qui ont plongé la population locale dans un climat de terreur.
Face à cette escalade, ACMEJ lance un appel urgent aux autorités congolaises, tant au niveau national que provincial, pour qu’elles déploient immédiatement une unité militaire compétente en matière de protection des civils.
L’organisation insiste également sur la nécessité de mener des enquêtes approfondies pour identifier et traduire en justice les responsables de ces actes criminels.
Par ailleurs, un autre facteur de tension grandissante est l’avancée des groupes armés, notamment celui dirigé par le dissident colonel Michel Rukundo Makanika, connu sous le nom de « Gumino ».
Ce groupe, selon, ACMEJ, vient de prendre le contrôle de la localité de Marungu et se dirige vers Bijojo, menaçant ainsi de contrôler l’ensemble de l’entité de Rurambo. Si cet axe stratégique tombe, il pourrait déstabiliser toute la région, incluant des zones cruciales comme Kifune, Kigarama et Kashama, et menacer directement la stabilité de la ville de Lemera-Centre.
« Nous signalons aussi que le groupe armé dirigé par le dissident colonel Michel Rukundo Makanika, connu sous le nom de GUMINO, vient de prendre Marungu et veut avancer vers Bijojo pour parvenir à contrôler l’entité de Rurambo dans son ensemble, c’est à dire contrôler Kigarama, Kashama, etc. Cela provoque la panique dans la population. Si l’axe Rurambo dans son ensemble tombe (Kifune, Bijojo, Kigarama et Kashama), même Lemera-Centre tombera : cela alors que Rurambo dans son ensemble a été un coin stratégique militaire pendant la rébellion AFDL à l’époque du défunt Mzee Laurent-Désiré Kabila en 1996 ».
ACMEJ appelle également la communauté internationale, incluant les Nations Unies, l’Union Européenne, les États-Unis et d’autres partenaires, à intervenir rapidement pour empêcher que la situation ne se transforme en « chaos ».
L’organisation déclare fermement que les habitants de la plaine de la Ruzizi et des plateaux environnants ne souhaitent plus revivre les atrocités massives qui ont marqué leur histoire, notamment les massacres commis par les anciens militaires du RCD Goma soutenus fortement par le Rwanda.
« C’est pourquoi nous leur lançons un cri d’alarme pour qu’ils cherchent un mécanisme sécuritaire efficace pour bloquer la route au groupe armé du dissident colonel Makanika, afin qu’il ne parvienne pas à prendre Rurambo dans son ensemble. A cet effet, nous demandons aux gouvernements national et provincial d’agir rapidement, en déployant les militaires des FARDC dans les moyens et hauts plateaux dans l’axe Rurambo, pour barrer la route à l’initiative du dissident colonel Makanika et protéger les populations civiles, y compris les défenseurs de droits humains et autres leaders locaux ».
Dans ce contexte de panique généralisée, un autre criminel notoire, Jean-Pierre « le Rasta », a récemment été arrêté. Ce malfaiteur, responsable d’enlèvements, d’assassinats et de pillages dans la région depuis plusieurs années, a été arrêté par la FARDC à Kamanyola le 10 janvier 2025, selon ACMEJ.
Bien que cette arrestation soit un soulagement pour la population, ACMEJ insiste sur la nécessité de s’assurer que cet individu soit dûment jugé et que ses victimes obtiennent justice.
Jean-Luc M.