Intervenons-nous

    À Nyangezi, dans le territoire de Walungu (Sud-Kivu), les effets collatéraux de l’insécurité sont désormais visibles jusque dans les structures sanitaires. Privés de médicaments, désertés par les malades, plusieurs centres de santé fonctionnent au ralenti, incapables de répondre aux besoins d’une population fragilisée.

    Depuis les affrontements armés survenus en février dernier, la zone de santé de Nyangezi vit une crise silencieuse mais alarmante. Couloirs déserts, lits vides, personnel impuissant : dans les salles d’hospitalisation, le décor est celui d’un système de santé en état de survie.

    « Depuis un certain temps, quand la guerre est survenue, les structures ne sont plus approvisionnées suffisamment en médicaments », confie Jean-Paul Zagabe, nutritionniste superviseur dans la zone.

    La baisse du nombre de patients n’est pas une bonne nouvelle : elle ne traduit pas une amélioration sanitaire, mais plutôt un renoncement aux soins, faute de médicaments ou de moyens pour les acheter en officine.

    « Parfois, on est obligé de prescrire un médicament qu’on ne possède pas. Si le malade n’a pas les moyens d’aller l’acheter à la pharmacie, il reste sans traitement », déplore M. Zagabe.

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    Dans ce contexte, des maladies pourtant bénignes deviennent dangereuses. Les plus touchés sont les enfants souffrant de malnutrition, les femmes enceintes ou les personnes âgées.

    Le personnel de santé appelle à une intervention urgente des autorités et des humanitaires pour rétablir la chaîne d’approvisionnement. Routes bloquées, insécurité sur les axes logistiques, manque de soutien : les conditions ne permettent plus de garantir un minimum de service médical.

    « Sans médicaments, nos structures ne peuvent plus jouer leur rôle. Or, dans un contexte d’insécurité, la santé devrait rester une priorité absolue », insiste M. Zagabe.

    Faute de soins disponibles à Nyangezi, certains malades parcourent de longues distances, parfois au péril de leur sécurité, pour se faire soigner ailleurs. Les autres n’ont d’autre choix que d’attendre – dans la douleur, l’angoisse et l’incertitude.

    Un article réalisé par le consortium RATECO et REMEL-GL avec l’appui de La Benevolencija Grands Lacs, dans le cadre du projet « Habari za Mahali ».

    La Prunelle RDC, groupe des médias indépendants pour les femmes et les jeunes, basé dans l’Est de la République démocratique du Congo.

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