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    Entre afflux de déplacés, saisies d’équipements de pêche par la marine ougandaise et risque d’insécurité armée, la cité lacustre de Kyavinyonge, dans le territoire de Beni, tire la sonnette d’alarme. La société civile locale a porté ces préoccupations aux autorités provinciales le 30 mai.

    La cité côtière de Kyavinyonge, située sur la rive nord du lac Édouard, traverse une période critique. Le vendredi 30 mai 2025, une délégation de la société civile locale, conduite par le vice-président des forces vives, a été reçue par le vice-gouverneur du Nord-Kivu pour exposer une série de défis majeurs menaçant la stabilité et le bien-être des habitants.

    Premier point soulevé : l’arrivée massive de déplacés internes fuyant les zones sous contrôle du M23-AFC. Ces populations, chassées par les combats ou par la peur des exactions, affluent vers Kyavinyonge, accentuant la pression sur les services déjà fragiles de santé, d’éducation et de sécurité alimentaire.

    Les infrastructures locales, limitées, sont désormais à bout de souffle. La prise en charge des déplacés, sans appui humanitaire conséquent, devient de plus en plus difficile, accentuant les risques de tensions sociales.

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    Autre point brûlant : les incidents sur le lac Édouard. La Société civile a dénoncé les saisies répétées d’équipements de pêche par la marine ougandaise, accusée de violer régulièrement la frontière lacustre. Plus de 260 moteurs hors-bord appartenant à des pêcheurs congolais auraient ainsi été confisqués en territoire ougandais, paralysant une grande partie de l’économie locale.

    Cette situation, qualifiée d’inacceptable par les leaders communautaires, alimente la colère et les tensions entre communautés riveraines, avec le risque de glissements vers des conflits ouverts si rien n’est fait pour clarifier les frontières maritimes et sécuriser les activités de pêche.

    La délégation a également attiré l’attention du Gouvernement provincial sur le manque de couverture sécuritaire dans et autour de la cité. En raison de sa proximité avec des zones d’insécurité, Kyavinyonge reste vulnérable à des infiltrations armées ou des attaques surprises, d’autant plus que certaines routes d’accès restent peu surveillées.

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    Les acteurs locaux appellent donc à un renforcement urgent des patrouilles sur terre comme sur les eaux du lac, pour protéger les populations et restaurer un climat de sécurité.

    En retour, les autorités provinciales ont reconnu la gravité de la situation et promis un suivi rapproché des dossiers les plus urgents, notamment celui des pêcheurs. Elles ont rappelé la nécessité pour les embarcations congolaises de s’équiper en systèmes de géolocalisation, afin de prouver leur position en cas d’incidents transfrontaliers.

    La démarche de la Société civile de Kyavinyonge illustre un engagement citoyen fort face aux crises multiples qui secouent la région. Elle témoigne aussi de la nécessité pour l’État congolais de renforcer sa coopération avec les partenaires régionaux et les populations locales pour préserver la paix, défendre les droits économiques et sécuritaires des citoyens, restaurer la confiance autour du lac Édouard.

    Roger Kakulirahi

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