Intervenons-nous

La prise de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), par les rebelles du M23 et l’armée rwandaise marque un tournant dramatique dans la crise qui frappe la région des Grands Lacs. Cette avancée militaire ne se contente pas d’aggraver la situation sécuritaire en RDC, mais elle constitue également une violation flagrante de la souveraineté du pays et menace de déstabiliser l’ensemble de la région. Dans ce contexte, le réseau Europe-Afrique centrale (EurAc) appelle l’Union européenne (UE) à prendre ses responsabilités pour rétablir la paix et la stabilité, avant que la situation ne devienne irréversible.

Avec la chute de Goma, la population civile est à nouveau prise au piège d’un cycle de violences incessantes. Plus de 400.000 personnes ont fui les affrontements au cours des trois dernières semaines, portant à près de 1 million le nombre de déplacés internes dans la région.

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Parmi les victimes, des femmes et des filles subissent des violences sexuelles, déjà signalées par les Nations Unies. Les enfants non accompagnés se retrouvent également dans une situation de vulnérabilité extrême. Le chaos humanitaire est exacerbé par l’interruption des services de base, tels que l’approvisionnement en eau et en électricité, et les attaques contre les infrastructures de santé.

L’isolement de Goma complique davantage l’acheminement de l’aide humanitaire, et la distribution de vivres a dû être suspendue. En conséquence, la situation sur le terrain devient de plus en plus dramatique, alimentée par un manque d’informations fiables et une désinformation croissante qui nourrit la peur et l’insécurité.

Malgré les alertes répétées de la Société civile locale et internationale, la réponse de la communauté internationale reste timide et largement inefficace.

L’Union européenne, accusée d’une gestion passive de la crise, a notamment été critiquée pour sa politique incohérente face à la situation en RDC. Les relations diplomatiques ambiguës de l’UE avec le Rwanda, en particulier la signature d’un protocole d’accord sur les minerais en 2024, sont perçues comme un signal contradictoire alors que le Rwanda soutient activement les rebelles du M23.

De plus, les financements européens alloués au Rwanda dans le cadre de la Facilité Européenne pour la Paix (FEP), malgré les preuves de son soutien au M23, alimentent la tension régionale et laissent penser que de nouvelles violations du droit international pourraient rester impunies.

Face à cette situation, EurAc appelle l’Union européenne à agir rapidement et de manière décisive. Parmi les mesures recommandées figurent la mise en place immédiate de couloirs humanitaires pour permettre l’acheminement de l’aide, la protection des défenseurs des droits humains et des acteurs de la société civile, et la reprise du dialogue politique avec toutes les parties impliquées dans le conflit. Il est crucial que ce processus de paix soit inclusif et qu’il implique pleinement la société civile congolaise.

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EurAc demande également l’application de sanctions concrètes à l’encontre du Rwanda, notamment par la révision des accords sur les minerais et la cessation de la coopération militaire avec ce pays. La communauté internationale doit également prendre des mesures fermes contre les responsables des violations des droits humains et des crimes de guerre, en mettant à jour la liste des sanctions ciblées pour les personnes impliquées dans les violences actuelles, en particulier les violences sexuelles.

L’appel à l’action est clair : l’UE doit prendre des mesures immédiates et concrètes pour mettre fin à la spirale de violence dans les Grands Lacs et restaurer la stabilité en RDC. Le temps presse, et la communauté internationale ne peut plus se permettre de rester passive face à une situation qui met en péril non seulement la vie de centaines de milliers de civils, mais aussi la paix et la sécurité dans toute la région.

Jean-Luc M.

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