La récente décision du ministre de la Justice, Constant Mukamba, de libérer plus de 1500 prisonniers malades de la prison de Makala, à Kinshasa, soulève des interrogations légitimes sur la responsabilité de l’État face à la justice et à la sécurité des citoyens. Si l’intention de désengorger les prisons et d’offrir des soins médicaux aux détenus est louable, elle ne doit pas se traduire par un acte populiste aux conséquences désastreuses.
La libération de ces prisonniers, dont certains pourraient être condamnés pour des crimes graves tels que le viol sur mineur, remet en question l’équilibre entre compassion humanitaire et nécessité de justice.
Des témoignages troublants de victimes et de leurs familles évoquent des situations où la justice semble échapper, laissant les criminels en liberté et leurs victimes dans l’angoisse. Comment peut-on envisager un tel acte sans prendre en compte les charges qui pèsent sur ces individus ?
La militante des droits des femmes, Yvette Mushigo, souligne avec raison que la santé ne peut être le seul critère de libération. Cette approche uniforme, sans examen des cas individuels, pourrait exacerber l’insécurité dans nos villes. Il est impératif de se demander comment ces prisonniers seront surveillés après leur libération. Les victimes de viol, souvent déjà traumatisées, se retrouvent dans une situation encore plus précaire.
Le véritable enjeu ici est celui de la justice.
En tant que société, nous devons nous interroger sur notre capacité à protéger les droits des victimes tout en offrant une réinsertion aux détenus.
Le gouvernement devrait se concentrer sur des solutions durables, telles que l’amélioration des conditions de santé dans les prisons, l’équipement adéquat des établissements et la formation du personnel soignant, au lieu de procéder à des libérations massives qui risquent d’entraîner des règlements de comptes et une montée de la violence dans nos villes, nos entités.
La RDC mérite une justice qui protège les innocents et qui garantit des droits égaux pour tous.
La libération de prisonniers doit être une décision réfléchie et non un geste populiste qui compromet l’ordre public.
Il est temps que nos dirigeants prennent des mesures responsables pour assurer la sécurité de tous les Congolais, tout en tenant compte des principes fondamentaux de justice et le respect des droits humains.