Un vent de colère souffle sur Kamituga, dans le territoire de Mwenga (Sud-Kivu). Ce samedi 8 novembre 2025, des habitants du quartier Kalingi sont descendus dans la rue après la mort jugée « injuste » de Mbilizi Babingwa Birey, un détenu de la prison centrale de Kamituga. Des pneus ont été brûlés et la Route Nationale n°2 barricadée pour dénoncer ce que la population considère comme un abus de pouvoir et une violation flagrante des droits humains.
Selon plusieurs témoins, le jeune homme était incarcéré depuis plus d’un mois dans des conditions irrégulières et inhumaines, sans jugement, ni suivi judiciaire clair. D’après les informations recueillies sur place, Mbilizi aurait été arrêté à la suite d’une simple dispute avec l’un des responsables d’un établissement de jeux de hasard, connu sous le nom de Chance Betting.
La mort du prisonnier a mis le feu aux poudres à Kamituga, où les habitants pointent du doigt la responsabilité du parquet près le Tribunal de grande instance. Sur des calicots brandis lors de la manifestation, les protestataires accusent ouvertement le procureur de la République, Kakule Kikay Pascal, d’« emprisonner sans motif » et d’« exiger de fortes sommes d’argent pour libérer les détenus ».
« Nous ne voulons plus de ce procureur qui emprisonne sans motif, sans jugement, et exige 5 000 dollars pour la libération d’une personne. Même les malades ne peuvent obtenir une libération. Nous réclamons son départ avant qu’un malheur pire n’arrive », pouvait-on lire sur une banderole écrite en swahili.
De son côté, Maître Ishukwe Wabenga Jean, défenseur judiciaire au tribunal de grande instance de Kamituga, condamne ces pratiques qu’il qualifie d’illégales et contraires à la Constitution.
« Nous avons alerté le parquet sur l’état de santé alarmant de Mbilizi Babingwa Birey, mais aucune action sérieuse n’a été entreprise. La vie humaine est sacrée, comme le stipule l’article 16 de la Constitution. Ce laxisme est inadmissible, surtout lorsque les tribunaux sont paralysés et que des prévenus restent en détention préventive pendant plus d’un mois sans jugement », déplore-t-il.
Pour ce défenseur, la mort de Mbilizi illustre un dysfonctionnement grave de la chaîne judiciaire locale, où des détentions prolongées sont devenues monnaie courante, en violation du principe de proportionnalité des poursuites et des directives hiérarchiques, notamment dans les zones affectées par les conflits armés.
En attendant les résultats d’une éventuelle enquête, les habitants de Kalingi exigent justice pour Mbilizi et appellent les autorités judiciaires à mettre fin aux détentions arbitraires dans la prison centrale de Kamituga. Ils demandent également que les responsables de cette tragédie soient identifiés et sanctionnés afin qu’un tel drame ne se reproduise plus.

