Intervenons-nous

La situation sécuritaire dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira au Sud-Kivu, reste préoccupante. Des femmes et enfants restent les plus grandes victimes de l’insécurité grandissante qui s’y observe.
L’on signale des milliers de déplacés dans les camps de Mikenge, Bijombo ou encore dans des familles d’accueil à Baraka et ailleurs. Ceux-ci, parfois dépourvus de tout.

Les personnes déplacées internes sont estimées à plus de 100.000 cette année, contre plus de 200 mille en 2020, dans différents sites ou maisons d’accueil.

En effet, la détérioration de la situation sécuritaire dans cette partie du Sud-Kivu depuis plusieurs années, a occasionné la suspension d’activités pour plusieurs organisations non gouvernementales qui pourtant jouaient un rôle important, que ce soit dans la protection des civils ou l’assistance humanitaire.

Dans une zone où l’État est presque inexistant, cet activisme des groupes armés, l’inaccessibilité des zones affectées, l’impraticabilité des routes, empêchent donc toute assistance aux victimes qui sont souvent abandonnées à leur triste sort. En debut de l’anl’a dernier, plusieurs personnes sont mortes dans les camps de Bijombo faute de nourriture.

Cela a alors systématiquement impacté sur la situation de ces déplacés en majorité des femmes et des enfants. Leur situation sociale s’est vite empirée avec la fermeture des voies d’entrée comme celles de sortie, par des groupes armés toute l’an dernière. 

Dans son rapport de février 2022, le Réseau Local de Protection des Civils (RLPC) a lui, jugé la situation des droits humains sur place, de « terrorisante » et « intenable ». 

Des groupes armés étrangers dans le rang des agresseurs

Cela est dû aux multiples affrontements tantôt les groupes armés entre eux-mêmes, tantôt avec les Forces Armées congolaises. Ces groupes armés locaux reçoivent souvent le soutien de leurs alliés des pays voisins.

C’est le cas des Imbonerakure, Red Tabara, Forebu du Burundi et ou encore des groupes armés rwandais. Ce qui nécessite aussi l’implication des chefs d’états de la région des grands lacs dans la résolution de ce conflit dans la partie sud du Sud-Kivu.

Outre les affrontements, des discours d’incitation à la haine tribale menacent la cohésion sociale et accroissent la méfiance entre communautés.

Ce qui fait que des défenseurs de droits humains travaillant dans cette zone soient également la cible des miliciens des groupes armés, qui les contraignent parfois à vivre en exil.

Plus de 200 personnes tuées, écoles et formations sanitaires non épargnées

Plus de deux cents personnes ont perdu leurs vies  au courant des trois dernières années ; dans le conflit des hauts et moyens plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga. 

Des civils innocents sont souvent la cible des hommes armés, membres de ces milices à connotation tribale avec leurs alliés étrangers. 

Par ailleurs, un rapport de la synergie des organisations internationales œuvrant dans cette zone avait fait état en 2019, de 40 aires de santé que comptent les Zones de Santé de Nundu, Itombwe et Mwenga ont été touchées. Parmi elles, 5 ont même été incendiées.

 Cette situation a rendu encore plus complexe, l’accès déjà difficile aux soins de santé primaires des populations de cette zone. Des formations sanitaires sont entrées en rupture des médicaments, parce que la pharmacie zonale a elle aussi été la cible des miliciens.  

Pour ce qui est de l’éducation, ce rapport indiquait que 168 écoles ont dû fermer ses portes ; amenant ainsi plus de 16.000 élèves à être privés d’éducation. Ce qui ouvre la voie à l’enrôlement d’enfants dans les groupes armés au mépris des lois et textes tant nationaux qu’internationaux protégeant l’enfant.

Les dialogues ayant démontré leur limite, l’Etat congolais appelé à imposer la paix dans la région

Depuis le début de cette crise dans les hauts et moyens plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga plusieurs organisations et personnalités se sont impliquées pour concourir au rétablissement la paix, renforcer la cohabitation pacifique et la cohésion sociale entre communautés mais il est avéré que ces efforts ne pourront arrêter ce cycle de violence.

Des dialogues, consultation ou concertation ont été organisés par dizaines depuis le début de la crise. De la MONUSCO aux communautés locales passant par le Gouvernement congolais, des notables et leaders sociaux et politiques, personne n’a réussi à pacifier la zone par le dialogue.

Faute des effectifs, des moyens et du professionnalisme, l’armée congolaise non plus n’a pas pu, ne fusse que dissuader l’ennemi, ou encore quelques-uns de ses éléments incontrôlés ; et c’est malgré les différentes opérations militaires ou encore les différents programmes de démobilisation des anciens combattants.

D’où la nécessité d’appuyer l’état congolais et ses partenaires dans l’approche de la recherche et la consolidation de la paix dans toute la partie orientale. 

Les territoires d’Uvira, Fizi et une partie de Mwenga sont, depuis plus d’une dizaine d’années, en proie à une violence inouïe. Ces violences qui existent depuis plus de deux décennies résultent des conflits latents existants entre les communautés vivant dans cette région. Certains se réclamant être propriétaires des terres, traitant ainsi d’autres d’étrangers. 

Cette crise dans les hauts et moyens plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga, au Sud-Kivu, à l’Est de la RDC, aurait été déclenchée par des actes de violences effectuées sur des femmes « bafuliru » par des présumés miliciens banyamulenges. Cet incident a été à l’origine de la montée des tensions intercommunautaires qui ont finalement basculé en des affrontements entre ces communautés par milices interposées. 

Une nouvelle escalade de violences a également éclaté en début mai 2019, impliquant les milices d’autodéfense Banyamulenge et une coalition de milices Maï-Maï issus des autres communautés locales. Cet incident a embrasé toute la région. À l’origine, des actes de représailles des Maï-Maï contre des membres de la communauté Banyamulenge, suite à l’assassinat d’un chef de village d’origine Banyindu par des présumés miliciens d’origine Banyamulenge.

Judith Maroy

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