Le nombre de personnes déplacées internes depuis mars 2022 suite à la guerre du M23 a considérablement augmenté ces dernières semaines, passant de 602.000 à 881.000 entre fin janvier et fin février 2023, selon les acteurs étatiques et humanitaires.
C’est ce qu’indique le Bureau de coordination humanitaire, dans un bulletin rendu public. Selon OCHA, entre fin février et la première quinzaine de mars 2023, les affrontements armés ont persisté dans le territoire de Masisi, entraînant des déplacements des populations, et des contraintes majeures d’accès pour les acteurs humanitaires.
Les axes Sake-Masisi-Kitshanga-Mweso ainsi que les localités situées à l’est et au nord-est de Kitshanga ont particulièrement été touchées. La situation dans le territoire de Rutshuru est également restée préoccupante, avec des défis majeurs qui ont freiné la capacité des acteurs à apporter de l’assistance dans de nombreux secteurs.
A la faveur de l’apaisement relatif dans certaines localités des territoires de Masisi (Zone de Santé de Mweso), Rutshuru (Kibirizi) et Walikale (Pinga), le retour d’environ 62.000 personnes a été observé par les autorités locales et les partenaires humanitaires entre le 14 et le 23 mars. Les personnes retournées ont urgemment besoin d’articles ménagers, de nourriture et de moyens financiers.
Des cas de choléra
La recrudescence des cas de choléra, surtout dans les sites de personnes déplacées, demeure une préoccupation majeure nécessitant une mobilisation immédiate de ressources. Selon la Division provinciale de la santé, le nombre de cas a considérablement augmenté dans les zones de santé de Goma, Karisimbi et de Masisi.
Entre le 13 et le 19 mars, Goma a enregistré 1.294 cas de choléra contre 646 la semaine précédente ; Karisimbi a signalé 208 cas, soit une augmentation de 82 cas par rapport à la semaine précédente, tandis que Masisi a enregistré 11 cas, comparativement à 3 cas la semaine antérieure.
Ces trois zones et celle de Nyiragongo – les plus touchées par le choléra- ont signalé un total de 6.224 cas de choléra du 1er janvier au 19 mars, soit plus de 90 pour cent des cas enregistrés dans la province. La résurgence du choléra est principalement due à la promiscuité extrême, aux mauvaises conditions d’hygiène et aux difficultés d’accès à l’eau potable dans les sites, notamment au site de Rusayo dans le territoire de Nyiragongo, à Lushagala et à Bulengo où des cas sont signalés dans les quartiers environnants.
Plus de 77.000 déplacés à Bulengo
Le site de Bulengo, qui héberge plus de 77.000 personnes déplacées, est aussi confronté à un défi majeur lié à l’émanation de gaz carbonique, ce qui a entraîné la mort de plusieurs personnes par asphyxie. OCHA a facilité le plaidoyer des partenaires humanitaires pour la relocalisation des personnes déplacées.
Après une évaluation conjointe menée par les autorités et les partenaires humanitaires, les autorités ont accordé un espace de 100 hectares à Rusayo 2 le 17 mars dernier. Ce nouvel espace peut accueillir plus de 4.600 abris individuels en faveur de plus de 23.000 personnes.
OCHA poursuit les échanges avec les autorités et les partenaires pour mettre en place de services de base dans ce nouveau site, et assurer un transfert sécurisé des personnes déplacées qui se trouvent dans les zones à risque à Bulengo.
Près de 2.000 écoles fermées
Les acteurs humanitaires du secteur de l’éducation estiment que près de 2.000 écoles ont été contraintes de cesser de fonctionner en raison de la détérioration de la situation sécuritaire entre janvier 2022 et mars 2023 dans le Nord-Kivu, affectant ainsi la scolarité d’environ 685 000 enfants.
Au moins 33 écoles ont été attaquées, 28 occupées par des groupes armés et 288 utilisées comme abris par des personnes déplacées. Selon un récent communiqué de presse de l’UNICEF, l’insécurité a été particulièrement préjudiciable à près de 240.000 enfants récemment déplacés dans les sites spontanés autour de Goma.
Museza Cikuru