Intervenons-nous

Prévue comme une marche de soutien à la rébellion du M23-AFC, une manifestation organisée de force ce lundi 22 décembre 2025 à Goma et dans une partie du territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu) s’est progressivement transformée en une marche de dénonciation des abus commis par les rebelles, selon plusieurs témoignages recueillis sur place et des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux.

Contraints de participer à cette mobilisation imposée dès les premières heures de la matinée, de nombreux habitants ont profité du rassemblement pour exprimer leur ras-le-bol face aux violences, aux taxes jugées excessives et aux traitements infligés à la population civile dans les zones sous occupation rebelle.

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Malgré les slogans officiels imposés par les organisateurs, certains participants ont bravé la peur en brandissant des messages hostiles, notamment des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Rwanda is killing ». D’autres ont scandé des chants dénonçant la pression fiscale et les actes de torture attribués au mouvement armé.

« Allégez vos taxes et cessez les tortures. Nous en avons vraiment marre. Faites-nous grâce, franchement », peut-on entendre dans plusieurs vidéos largement partagées en ligne.

Durant cette manifestation, les activités économiques ont été paralysées. Commerces et officines pharmaceutiques sont restés fermés, conformément aux consignes données par les rebelles. Un important dispositif sécuritaire du M23-AFC a été déployé sur les principales artères de la ville afin d’encadrer le cortège.

Selon plusieurs sources locales, les habitants de Goma ont été sommés de participer à cette démonstration de force, destinée à afficher un soutien populaire au mouvement armé, alors que la rébellion fait face à une pression croissante de la communauté internationale lui demandant de se retirer des zones occupées.

Plusieurs jeunes rencontrés affirment avoir pris part à la marche par crainte de représailles.

« Nous avons été obligés de participer. Tôt ce matin, on nous parlait d’un meeting populaire vers le stade de l’Unité. Nous avons été embarqués dans des camions. Une fois arrivés, nous avons été forcés de marcher vers le quartier général de la MONUSCO, où certains jeunes ont lu un message de soutien. Nos chefs d’avenue nous y ont obligés », témoigne un manifestant ayant requis l’anonymat.

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Cette mobilisation contrainte illustre le climat de peur et de tension qui prévaut actuellement dans la ville de Goma, où la population civile se retrouve prise en étau entre les exigences des groupes armés et une situation sécuritaire de plus en plus préoccupante.

La Rédaction

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