Intervenons-nous

Après l’évacuation de la ville décidée par les autorités le 27 mai, environ 400.000 personnes auraient quitté Goma. En dehors de Bukavu, les principaux centres de relocalisation sont les villes de Sake au Nord-Kivu, Rutshuru et Minova au Sud-Kivu. La plus grande préoccupation pour les déplacés reste l’approvisionnement en eau potable, l’hygiène et l’assainissement. Selon la Coordination des affaires humanitaires, un cas de choléra a déjà été signalé à Sake.

Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) présente la situation sur le terrain comme suit:

Depuis le 28 mai, les activités ont repris timidement dans les quartiers non concernés par l’ordre d’évacuation des autorités. Même pour les 10 quartiers concernés, certaines personnes seraient néanmoins restées chez elles afin de prévenir d’éventuels cambriolages. Quelques commerces et marchés ont ouvert, les taxis motos et les bus sont fonctionnels. Un faible mouvement de retour dans ces quartiers est aussi rapporté.      

Les secousses sismiques continuent, mais elles sont moins fréquentes et ont perdu en intensité, surtout pendant la nuit. Une équipe de volcanologues fait des analyses afin d’élaborer des scénarios sur le comportement du volcan Nyiragongo dans les prochains jours et les éventuelles conséquences au niveau du lac Kivu notamment. 

D’après des sources locales, le prix des denrées alimentaires continue à augmenter et le franc congolais (FC) prend de la valeur à cause de la difficulté à trouver des dollars US. Le dollar s’échange aujourd’hui à 1.700 ou 1.800 FC (contre 2 000 francs depuis bientôt un an). 

Le 28 mai, la MONUSCO a rétabli la circulation au niveau du point des Français sur l’axe Goma- Bukavu facilitant le passage des populations. A la demande du gouverneur du Nord-Kivu, la MONUSCO a fourni de l’eau potable aux populations de Goma qui se déplacent vers Sake et de la nourriture pour les plus jeunes. La Mission a mobilisé deux citernes d’eau et fourni au moins cent paquets de nourriture aux déplacés.

Sake (24 km de Goma)

Avec une population estimée à 70 000 personnes, Sake aurait accueilli plus de 180 000 personnes déplacées depuis l’évacuation de la ville de Goma.

On rapporte que 14 centres collectifs à Sake pourraient accueillir des déplacés. La plus grande préoccupation reste l’approvisionnement en eau potable, l’hygiène et l’assainissement pour réduire ou écarter le risque de flambée de choléra, endémique à la zone. Un cas de choléra y a été signalé.

Médecins Sans Frontière (MSF), déjà présent à Sake, apporte un soutien en matière de violence basée sur le genre au Centre de Santé de Référence et a déployé une équipe en promotion de la santé (choléra, COVID-19, hygiène). Leur soutien en matière de prévention et de contrôle des infections (IPC) est en cours dans les centres de traitement du choléra. Ce 28 mai, ils ont également installé des bladders d’eau potable. Des besoins subsistent en matière de kits de dignité et d’hygiène pour les femmes, post-viol PEP kits, abris, articles ménagers essentiels, approvisionnement en eau et latrines.

Minova (69 km de Goma)

Certains habitants ayant quitté la ville de Goma se sont dirigés vers le sud en direction de Bukavu et transitant par Minova. Les besoins prioritaires signalés par les nouveaux arrivants incluent les abris, la nourriture et l’eau. 

Parmi les personnes qui ont passé la nuit à Minova, une partie de la population a trouvé refuge dans les églises et les écoles tandis qu’il est rapporté qu’une bonne partie a dormi dehors, sur le terrain de football. Les sources d’eau améliorées disponibles à Minova ne permettent pas de répondre à la demande. Certains déplacés ont accès à l’eau non traitée du lac Kivu.

Rutshuru (150 km de Goma)

Des milliers de personnes seraient arrivées à Rutshuru (les statistiques ne sont pas encore disponibles, des évaluations sont en cours). Ils sont actuellement sur plusieurs axes. La plus grande concentration est à Kiwanja, et les autres sont à Rutshuru centre, Rugari et sur les axes Kiwanja – Bunagana et Kiwanja-Ishasha. D’autres personnes se seraient également dirigées vers le territoire de Lubero. 

Les besoins de ces différentes zones sont similaires. Il est prévu que la MONUSCO construise de grandes tentes au stade de Rutshuru pour accueillir les enfants séparés de leurs parents. 

La communauté humanitaire travaille conjointement à l’élaboration d’un plan de réponse humanitaire. Pour ce faire, des évaluations sectorielles adaptées à la nouvelle situation seront également menées pour déterminer les besoins urgents dans les principaux lieux de relocalisation. Les partenaires humanitaires (ONG, agences des Nations Unies) sont en train de cartographier leurs présences et capacités opérationnelles pour répondre au mieux et de manière efficace aux besoins des personnes affectées. 

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a validé ce 28 mai une contribution financière du CERF de 1,2 million de dollars américains, pour limiter les risques de maladies hydriques en renforçant les capacités des acteurs de la santé et de l’eau, hygiène et assainissement durant une période de trois mois dans les zones affectées.

« La priorité est d’aider le Gouvernement à rétablir l’approvisionnement en eau et d’éviter les risques d’épidémie d’origine hydrique comme en 2002. Pour soutenir les populations qui ont tout laissé derrière elles, le fonds CERF permettra notamment de fournir de l’eau potable et de renforcer le suivi épidémiologique de la zone affectée », a indiqué Mark Lowcock.

Jean-Luc M.

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