Une vive tension a paralysé ce mercredi 10 décembre 2025 les activités socio-économiques et scolaires dans le quartier Rughenda, en commune de Bulengera, dans la ville de Butembo (Nord-Kivu). Des coups de feu entendus tôt le matin ont semé la panique, alors que des militaires procédaient à la démolition de maisons au cœur d’un ancien conflit foncier.
Selon John Kameta, président de la société civile du noyau de Bulengera, l’intervention s’est déroulée sans mesures préalables permettant d’éviter la panique.
« Tôt le matin, les militaires sont arrivés sur place. Quelques heures plus tard, ils ont commencé à démolir les maisons. C’est un conflit foncier qui serait à la base de leur présence. La population n’a pas digéré cela et un véritable jeu de ping-pong s’est installé entre les habitants et les militaires », explique-t-il.
Il déplore les crépitements de balles qui ont retenti toute la journée, créant un climat d’angoisse au sein d’une communauté déjà fragilisée par les violences des ADF, les affrontements liés au M23 et la recrudescence de la criminalité urbaine.
John Kameta appelle les autorités à revoir la manière de mener les opérations de déguerpissement, estimant que le moment choisi pour cette intervention était inopportun.
« Il est vrai que la justice est indépendante, mais elle doit être humanisée. Les habitants de Butembo accueillent déjà des déplacés fuyant les attaques des ADF et l’occupation du M23. Les autorités devraient privilégier d’autres voies que celle de la violence », insiste-t-il.
Ce dossier foncier, qui remonte à plusieurs années, a déjà causé de nombreux dégâts humains et matériels. Plusieurs analystes estiment aujourd’hui qu’il est devenu un véritable fonds de commerce pour certaines personnes et autorités locales, qui en ravivent les tensions dès que la situation semble se calmer.