Intervenons-nous

Des femmes de la Société Civile du Sud-Kivu annoncent la tenue d’une manifestation en date du samedi 2 septembre 2023 pour dénoncer la spoliation et la vente du site dit de la « Marche mondiale des femmes », situé au triangle devant le marché de Nguba, quartier Nyalukemba, Commune d’Ibanda, dans la ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu.

C’est ce qui ressort d’une déclaration rendue publique par les responsables des organisations des femmes réunies au sein du bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu.

Dans cette déclaration, les femmes de la Société Civile disent vouloir dénoncer à travers cette manifestation, la spoliation de cet espace. Il leur avait été offert par la province pour accueillir un « Bosquet de la vie », afin d’immortaliser les femmes du Sud Kivu. Des femmes victimes des violences et de toutes les atrocités des guerres en RDC d’une part et d’autre part de sensibiliser la population sur la nécessité du respect et de la protection de l’environnement au passage de l’action globale de la Marche mondiale des femmes à Bukavu.

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Pour les femmes signataires de la déclaration, cette spoliation qu’elles qualifient de « honteuse », constitue une épée enfoncée dans les plaies encore fraiches des victimes d’atrocités dans la province.

«L’on se souviendra même que plusieurs délégations de femmes et des autorités s’étaient rendues à Kasika dans le territoire de Mwenga pour visiter le site où avaient été enterrées 15 femmes vivantes, tuées car englouties dans la fosse commune par faute d’oxygène, un acte criminel commis par les rebelles du Rassemblement congolais pour la Démocratie, un mouvement armé à l’époque soutenu par le Rwanda, pays agresseur de la RDC et responsable de plusieurs crimes contre l’humanité bien documentés dans le rapport Mapping et nombreux rapports des experts de Nations Unies », rappellent les femmes signataires.

Elle s’interroge sur les raisons de vouloir « effacer cet événement mondial dans la mémoire des femmes et des hommes de la RDC.

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« Comme pour vouloir effacer cet évènement mondial dans la mémoire des femmes et des hommes du Sud-Kivu en particulier et de la RDC en général et empêcher aux générations présentes et futures de connaitre l’histoire résiliente de la femme du Sud-Kivu symbolisée à travers le bosquet de la vie planté à cet endroit, des spoliateurs sans honte ni scrupule se disputent actuellement cette place en complicité avec les services des titres fonciers bien identifiés. Nous disons NON à cette spoliation honteuse et qui constitue une épée enfoncée dans les plaies encore fraiches des victimes d’atrocités dans notre province ».

Ces femmes appellent à la mobilisation générale de toutes les femmes du Sud-Kivu en particulier, de la RDC en général et du monde entier à se mobiliser davantage pour porter haut la voix de la femme et exiger que cet espace de la « marche mondiale des femmes » soit protégé, valorisé et qu’un monument symbolisant la lutte de la femme congolaise y soit rapidement érigé pour stopper cette spoliation honteuse et énervante.

Dans leur déclaration, les femmes de la Société Civile recommandent au Gouvernement national à travers les ministères du Genre, famille et enfants, d’une part et de la culture d’autre part, de prendre un arrêté interministériel protégeant ce site mémorial et de réaliser des œuvres d’art à cet endroit rappelant la bravoure de la femme du Sud-Kivu.

Au gouvernement provincial du Sud-Kivu, les signataires recommandent d’éviter toute complicité dans la spoliation de ce site en instruisant les services de titres fonciers de suspendre toute tentative d’octroi des titres à cet endroit mais également en appliquant les résolutions nationales du Gouvernement national qui seront données pour sauvegarder ce site.

A la justice, les femmes demandent au Procureur Général près la Cour d’appel du Sud-Kivu d’effectuer des enquêtes pour dénicher et procéder à l’arrestation de tous les prétendants propriétaires de ce site et instruire aux services fonciers de lui fournir toute la lumière sur les titres qu’ils auraient octroyés à certains particuliers pour s’accaparer de ce site.

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Au Conservateur des Titres immobiliers de Bukavu, les signataires lui recommandent de cesser de participer aux spoliations des espaces publics de l’Etat dans la province du Sud-Kivu en général et dans la ville de Bukavu en particulier et  de cesser toutes les démarches qui visent le morcellement de cet espace à des tiers.

Au maire de la ville de Bukavu, les femmes de la Société Civile lui demandent d’autoriser et encadrer leur manifestation prévue sur ledit site et veiller à la propriété, à la sécurité et à l’ornement de cet espace public.

« Nous invitons les femmes de la ville de Bukavu et celles des territoires qui le peuvent de venir en masse et se présenter devant le marché de Nguba au triangle en voie de spoliation ce samedi 2 septembre 2023 à partir de 9h pour dénoncer cette spoliation et y placer des calicots qui dénoncent la vente de cet espace de la marche mondiale des femmes. Les spoliateurs doivent être vite dénichés et traduits en justice pour répondre de leurs actes et ceux qui vont s’entêter auront à faire face à toutes les femmes du Sud Kivu. La mémoire de femmes victime doit être honorée » insistent-elles. 

Contexte

Pour rappel, l’action globale de la marche mondiale des femmes est un événement mondial qui s’est déroulée dans la ville de Bukavu au mois d’octobre 2010. C’était à la grande satisfaction de toutes les femmes de la RDC et du Sud-Kivu en particulier témoins de la solidarité des autres femmes du monde entier par rapport aux atrocités vécues depuis des décennies suite aux conflits armés qui ont et continuent à sévir dans la partie Est de la RDC. 

Plusieurs femmes du monde entier s’étaient déplacées de leurs différents pays, (on parle de plus de 40 pays) vers ce site mémorial d’envergure mondiale en guise de solidarité avec leurs sœurs du Sud Kivu et de la RDC en général. 

Marcellin Cishambo alors Gouverneur de province du Sud-Kivu avait autorisé que le « Bosquet de la vie » soit planté dans le triangle situé devant le marché de Nguba, dans le quartier Nyalukemba, ville de Bukavu, afin d’immortaliser les femmes du Sud Kivu, victimes des violences et de toutes les atrocités des guerres en RDC d’une part et d’autre part de sensibiliser la population sur la nécessité du respect et de la protection de l’environnement au passage de l’action globale de la Marche mondiale des femmes à Bukavu. 

La Fondation VOCHRIM, avait dès lors pris soin de cet espace jusqu’à ce jour en y plantant d’autres arbres et en y érigeant une clôture. Aujourd’hui, elle y a érigé une case symbolisant la maison de la femme. 

Bertin Bulonza

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