Un étudiant de G3 [Droit Public] à l’Université Officielle de Bukavu (UOB) a perdu la vie ce samedi 2 avril 2022, lors des tensions perceptibles au sein de cette institution depuis la journée de vendredi, suite à une probable hausse des frais académiques.
Selon des sources au sein de l’UOB, cet étudiant aurait été poignardé par des membres de la Brigade universitaire, alors qu’’il réclamait, avec ses collègues, l’affichage des Frais académiques retenus pour l’année académique 2021-2022. Des étudiants accusent le Comité de Gestion d’avoir majoré ces frais, comparativement à l’année précédente.
«Les étudiants réclament la baisse des frais académiques depuis 3 jours. Ce samedi, une vive tension a éclaté entre étudiants et brigadiers. Un brigadier aurait donné des coups durs à cet étudiant de G3 Droit, et il a perdu la vie, quelques temps après avoir été amené au Centre hospitalier de l’ISTM situé à quelques mètres de là,» nous dit un étudiant de l’UOB.
Le Comité de Gestion et le Collège des étudiants de l’UOB ne préfèrent pas encore commenter cet incident. Mais déjà ce vendredi, le Collège des étudiants a dit avoir trouvé un compromis avec les autorités académiques, au sujet de la majoration annoncée des frais, et qui est à la base de la tension.
Dans un communiqué, Alfred Mutesi, Porte-parole des étudiants de l’UOB, a fait savoir que seules les promotions concernées par le système LMD [L1] paieront les majorations fixées par l’instruction académique 023 pour l’année académique en cours. Selon lui, toutes les autres promotions [montantes] non concernées par le système LMD, paieront comme l’année passée.
«Un vrai représentant ne fait pas de bruit dans le néant. Il travaille en silence et revient devant son public uniquement lorsqu’il a déjà les résultats dont on attend de lui. Si les frais académiques n’avaient jamais été affichés pour cette année académique, c’est simplement parce que le collège des étudiants n’avait toujours pas été d’accord avec le comité de gestion sur ce point. Les résolutions aux quelles avons abouti à ce jour […] après une longue période de pourparlers et de négociations en faveur des étudiants auprès du comité de gestion, et après la pression faite par nous, étudiants,» a-t-il déclaré.
Des assurances qui n’ont pas empêché les étudiants d’entamer une nouvelle manifestation ce samedi, alors que leur Collège a annoncé que les cours devraient reprendre à partir de ce samedi.
Le Collège des étudiants a par ailleurs fait savoir qu’il ne permettra «en aucun cas de perdre même un jour sur le programme des cours,» étant donné que selon lui, «le calendrier académique a déjà été perturbé par des grèves [des enseignants, Ndlr] récemment».
Mais des étudiants accusent leur Collège d’être en connivence avec les autorités académiques, pour avoir « cautionné » cette probable hausse des frais académiques. Déjà, après le meurtre de cet étudiant ce samedi, ses collègues ont saccagé le Bureau du Collège des étudiants, et incendiés des meubles et autres effets qui s’y trouvaient.
La Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI-Kadutu) dit condamner ces nouvelles violences au sein de l’UOB. Cette structure rappelle qu’en septembre dernier, des tensions avaient encore eu lieu au campus de Karhale, causant d’énormes dégâts matériels.
Cette structure citoyenne demande au Ministre de l’ESU d’intervenir dans l’urgence, en décantant une fois pour toutes ce problème des frais académiques, pour éviter des nouvelles tensions. Mais déjà, la NDSCI demande à la justice d’initier une enquête, afin d’établir les responsabilités autour de ce meurtre, et poursuivre les auteurs.
Guilaine Mukumba