La récente opération lancée par le ministre provincial de l’Intérieur et Sécurité, Albert Kahasha, surnommé Foka Mike, a suscité des réactions mitigées à Bukavu. Le ministre a lancé une vaste campagne de traque visant à appréhender les enfants vivant dans la rue, qualifiés de « Maibobo ». Cette initiative, encouragée par le gouverneur de la province, Jean-Jacques Purusi, a été mise en œuvre dans le but de lutter contre l’insécurité urbaine.
Lors de cette opération, qui s’est déroulée dans la nuit du 25 au 26 octobre 2024, plus de 104 sans-abris ont été appréhendés, dont 66 enfants mineurs.
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Le Ministre a souligné l’importance de la vigilance parentale et a exhorté les familles à surveiller le mouvement de leurs enfants et à signaler tout comportement suspect.
Cependant, la Société civile, représentée par Alain Shindano, Président du bureau urbain de la Société Civile Forces vives de Bukavu, a exprimé des réserves quant à cette approche.
“Dans la rue, il y a plusieurs sortes de personnes : des enfants, des jeunes, et même des femmes. Nous ne devrions pas les traiter comme s’ils étaient tous des voleurs. Nous avons un ministère des Affaires sociales, qui dispose toujours de fonds. Que fait cet argent s’il ne peut pas aider ces personnes ? Malgré leur situation, elles doivent être traitées dignement, car chaque individu a une histoire derrière lui ».
Selon lui, l’opération manque d’un processus de préparation adéquat pour la prise en charge des enfants en situation de rue. Il a souligné que ces enfants, souvent victimes de circonstances difficiles, ne doivent pas être traités comme des délinquants.
Shindano a également critiqué le fait que le gouvernement n’ait pas prévu d’activités pour aider ces enfants, contrairement aux initiatives mises en place à Kinshasa, où des solutions ont été trouvées pour les réintégrer dans des programmes d’éducation ou de formation professionnelle.
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De plus, rappelle Alain Shindano, la majorité des enfants appréhendés ne sont pas originaires de Bukavu, mais viennent de régions affectées par la violence, comme Kalehe. Il a appelé les autorités à repenser leur stratégie avant de procéder à des opérations similaires à l’avenir, afin de garantir un encadrement constructif pour ces enfants.
Face à ces critiques, la communication du Ministre a maintenu sa position, affirmant que la sécurité est une affaire de tous. Cependant, la Société civile insiste sur la nécessité d’une approche plus humaine et constructive pour traiter la problématique des enfants de la rue.
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