Intervenons-nous

À Bukavu, les places publiques et récréatives, autrefois destinées à l’intérêt commun, sont progressivement occupées et vendues par des particuliers, souvent avec le soutien de certains politiciens accusés de mauvaise foi. Cette situation préoccupante a été dénoncée ce vendredi 19 décembre 2025 par plusieurs habitants de la ville.

Selon Martin Ntamwinja, résident de Bukavu depuis plus de 30 ans, la ville traverse aujourd’hui une grave crise d’urbanisation. Des sites emblématiques, notamment les ronds-points ainsi que les environs de l’Athénée et du collège Alfajiri, ont été envahis par des constructions anarchiques, privant la population d’espaces publics essentiels.

Lire aussi : Sud-Kivu : la REGIDESO annonce des coupures d’eau pour les abonnés en retard de paiement

« La ville est aujourd’hui envahie. Toutes les places publiques et les lieux récréatifs sont occupés et parfois vendus par des individus soutenus par certains politiciens. Même les ronds-points, qui étaient des espaces publics, ont disparu. Cette situation provoque des embouteillages, des dégâts sur les installations de la REGIDESO et de la SNEL, ainsi que des érosions », déplore-t-il.

Cette occupation anarchique entraîne de lourdes conséquences sur la mobilité urbaine et les infrastructures, aggravant les embouteillages et exposant les réseaux d’eau et d’électricité à des dommages fréquents.

De son côté, Safi Magali souligne que la pression démographique, combinée à la disparition des espaces collectifs, rend la gestion de la population de plus en plus difficile. Elle insiste particulièrement sur l’impact de cette situation sur les enfants et les jeunes.

« Lorsqu’il n’y a plus d’espaces récréatifs, les enfants vagabondent dans les rues. Pendant les vacances, ils se retrouvent au bord des routes, exposés aux accidents et parfois emportés par les érosions lors des pluies. Cela cause des pertes en vies humaines », explique-t-elle.

Face à cette crise urbaine, Ntambuka Patrice propose plusieurs pistes de solutions. Il appelle les autorités à appliquer strictement la loi foncière et à récupérer les espaces publics et récréatifs vendus illégalement.

« L’État doit reprendre ses responsabilités en restaurant la carte de l’indépendance et en récupérant les parcelles publiques. Il faut aussi penser à l’extension de la ville. Des zones comme l’INERA ou la plaine de la Ruzizi disposent encore d’espaces inoccupés. Tout le monde ne peut pas vivre uniquement à Bukavu », suggère-t-il.

Par ailleurs, l’absence d’infrastructures adaptées aux activités encadrées aggrave davantage la situation des familles. Des habitants rappellent que des espaces tels que les colonies de vacances et les terrains de jeux permettaient autrefois d’encadrer les enfants et de soulager les parents.

« Aujourd’hui, tous les espaces où les enfants jouaient ont été construits. Les conséquences sont graves : vagabondage, insécurité et perte de repères. L’État doit créer de nouveaux espaces sécurisés pour garantir l’épanouissement et la protection des enfants », plaide une habitante.

La population de Bukavu appelle ainsi les autorités urbaines et provinciales à agir urgemment pour protéger les espaces publics, restaurer une urbanisation cohérente et offrir des lieux sûrs aux enfants et aux jeunes.

Vinciane Ntabala et Denise Neema

Share.
Leave A Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.