Des défenseurs des droits humains et des acteurs humanitaires, mobilisés par le Comité de Suivi des Mécanismes de Protection des Défenseurs des Droits Humains, ont manifesté ce jeudi 26 septembre 2024 dans la principale artère de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, pour dénoncer l’assassinat de Dieudonné Barhondeze Lushombo, agent de Caritas Bukavu, et exiger une meilleure protection pour les défenseurs des droits humains et les humanitaires.
La marche, qui a débuté à la Place Mulamba de Bukavu, s’est achevée au Gouvernorat du Sud-Kivu. Sur place, les manifestants ont présenté un mémorandum à l’autorité provinciale concernant leur situation sécuritaire.
« Nous, organisations membres du Comité de Suivi des Mécanismes de Protection des Défenseurs des Droits Humains au Sud-Kivu, venons auprès de votre autorité pour demander la suppression immédiate de toutes les barrières illégales et autres postes de contrôle, devenus des lieux de tracasseries et de violations des droits humains dans les différents territoires de la province. Nos compatriotes vivent quotidiennement des arrestations arbitraires, de l’extorsion, de la torture, d’assassinats et d’actes d’intimidation, souvent perpétrés par des éléments de sécurité aux postes de contrôle. Nous avons, par ailleurs, déploré l’assassinat de notre collègue Dieudonné Barhondeze Lushombo, tué par balle le jeudi 19 septembre 2024 à une de ces barrières illégales, dans le groupement de Kalonge, précisément à Cholobera, alors qu’il accomplissait une mission de service. Nous demandons que les auteurs de cet acte soient immédiatement arrêtés et jugés lors d’un procès public sur le lieu du crime, afin que cela serve d’exemple. Nous exigeons également la suppression de toutes les barrières illégales », ont-ils déclaré devant le Gouverneur.
Jean-Jacques Purusi, le Gouverneur, a reconnu les violations des droits de l’homme, soulignant qu’un élément armé a utilisé une arme pour ôter une vie.
« Même si ce n’était pas un militaire, c’est l’État qui doit assurer la protection de la population civile. Nous devons prendre nos responsabilités face à cette situation », a-t-il affirmé, lui-même ancien défenseur des droits humains.
Le Gouverneur a exprimé son soutien à la lutte des organisations de défense des droits humains, en soulignant la nécessité de supprimer les barrières illégales sur les principales routes de la province.
« Nous avons déjà mené une enquête, dont j’ai fait parvenir les résultats au Chef de l’État. Elle montre qu’il y a au moins 4 000 barrières dans les huit territoires et dans la ville de Bukavu, où des frais varient de 500 à 40 000 francs congolais sont exigés. Dans certains cas, le passage peut coûter jusqu’à 100 dollars. Ces pratiques sont totalement inacceptables », a-t-il insisté.
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Jean-Jacques Purusi a également annoncé qu’en tant que Président du Conseil de Sécurité provincial, il a ordonné au Commandant de l’armée et de la Police de mener une enquête et d’arrêter tous les auteurs de cet incident.
« Je peux vous assurer qu’une heure après, nous avons capturé tous ces individus, qui sont actuellement en détention dans un lieu sécurisé », a-t-il rassuré.
Les défenseurs des droits humains ont également demandé la tenue d’audiences foraines pour juger les auteurs de ce crime contre leur collègue.
« Je soutiens entièrement l’idée d’audiences foraines, que nous organiserons sur le lieu de l’incident », a ajouté le Gouverneur.
L’armée et la justice, présentes au Gouvernorat, ont confirmé que les présumés criminels étaient déjà sous les verrous. Le Gouverneur a assuré que ces audiences se tiendraient avec le soutien de partenaires, afin de rendre justice à cet agent humanitaire.