Intervenons-nous

Des avocats de Bukavu au Sud-Kivu ont boycotté ce mardi 18 octobre 2022 au Palais de justice de Bukavu, des audiences présidées en chambre du conseil par le juge Guillaume Mulumba, qu’ils accusent de « corruption » et plusieurs autres antivaleurs. Des propos que refute le juge incriminé, qui parle de manipulation.

Selon des sources sur place, des dizaines d’avocats et leurs clients qui attendaient l’instruction de leurs dossiers, ont quitté la salle après que ce juge ait refusé de leur donner la parole.

« Sachant qu’il allait présider une chambre, le conseil de l’ordre par le biais de son doyen, a demandé la parole pour poser un préalable. La parole contre toute attente lui a été refusée. Ce qui n’a pas plu à plus de 50 avocats qui étaient dans la salle. Ils s’y attendaient effectivement parce qu’il est orgueilleux. Ils ont quitté la salle tous, » déclare Jean Marie Zigabe, Doyen du Conseil de l’ordre du barreau du Sud-Kivu.

Celui-ci demande même le départ du juge Mulumba, vu que selon lui, il est inconcevable qu’il continue à juger alors qu’il n’a pas la confiance de toutes les parties.

« Les avocats plaident pour les justiciables, et nous apprenons beaucoup de choses de ces justiciables. Et dans l’ensemble, il nous est apparu que la gestion des dossiers confiés au juge Mulumba était d’une médiocrité extrême. Non seulement ça, mais aussi son comportement de tous les jours dans la société. Il méprise tout le monde. Il s’en est aussi pris sur une petite portion de la parcelle du barreau sans soubassement aucun. Il a prétendus qu’il avait droit à 10 mètres, créant ainsi des difficultés au barreau pour l’empêcher de terminer son immeuble. Pour toute ces raisons, et pour l’épanouissement de la justice dans notre province, nous avons estimé qu’il a fallu dénoncer ce mal et nous demandons le départ de Mulumba de cette province, » affirme-t-il à Laprunellerdc.info.

Jean Marie Zigabe annonce que ce ras-le-bol va s’étendre sur tous les autres magistrats qui seraient impliqués dans des actes de corruption, dans le but de redorer l’image de l’appareil judiciaire en province.

« Nous ne sommes qu’au début, c’est pourquoi nous avons commencé par Mulumba. Pour lui c’est notoire. Chacun a ses fautes mais lui il exagère dans tout et le barreau qui représente les justiciables est au courant de tout ce qui se passe. Demain ça sera un autre. On ne veut pas des antivaleurs de la trame de Mulumba » déclare-t-il.

Contacté, le juge Guillaume Mulumba wa Mulumba incriminé, a réfuté toutes ces allégations. A Laprunellerdc.info, celui-ci explique tout d’abord qu’il est impossible qu’il ait reçu une quelconque corruption, vu qu’il vient tout juste de Kinshasa où il a passé les 4 derniers mois.

Il demande à ces avocats de fournir des preuves de leurs allégations, faute de quoi il menace de les poursuivre en justice.

« Je suis arrivé ici la semaine dernière, en provenance de Kinshasa où j’étais depuis juin dernier. Et avant de partir, j’avais épuisé tous les dossiers que j’avais. Comment est-ce possible que j’ai été corrompu alors que je n’avais aucun dossier ? Je leur lance un défi, qu’ils apportent des preuves de ces accusations. Ils n’en auront jamais. Parce que j’ai plus de 25 ans de carrière, et je ne peux pas tomber dans des antivaleurs. Ils ont voulu que je cesse de présider l’audience alors qu’il n’ont pas cette qualité. Je ne peux pas refuser de rendre la justice, si non j’aurais commis une infraction. Ils n’ont même jamais écrit à ma hiérarchie, parce que si je n’avais pas la confiance du premier président de la Cour d’appel, il ne m’aurait pas laissé l’intérim, vu qu’il est à Kinshasa pour la rentrée judiciaire » insiste-t-il.

Guillaume Mulumba estime que ces avocats seraient « manipulés » par le bâtonnier, avec qui il a une affaire pendante en justice.

Et en réponse aux avocats qui demandent son départ, il répond : « Qu’ils me laissent partir de moi même. Je ne me vois pas rester au Sud-Kivu, je peux être promu même à la Cour de cassation. J’ai jugé des milliers de dossiers depuis que je suis juge, qu’ils vous disent combien sont allés en cassation: aucun, » lance-t-il.

Pendant ce temps, des observateurs estiment que les autorités judiciaires devraient intervenir pour mettre fin à ce différend, qui selon eux, risque de préjudicier certains clients, qui se verront devant le juge sans assistance de leurs conseils.

Museza Cikuru

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