Des acteurs de la Société civile du bureau urbain de Bukavu, en collaboration avec la Fédération des Comités des Marchés Urbains (FCMU), ont organisé une marche pacifique ce mercredi 9 octobre 2024 pour exprimer leur ras-le-bol face aux décisions qui suspendent « illégalement » les comités syndicaux des marchés de Nyawera et Ciriri. Ils accordent aux bourgmestres de la commune d’Ibanda et de la commune de Bagira un délai de 48 heures pour lever sans condition la suspension de la Présidente du comité syndical du marché Nyawera et du Président du comité syndical du marché de Ciriri, afin de mettre fin à la confusion créée par la nomination des comités syndicaux ad intérim.
Partis du Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu, les manifestants, munis de trompettes, scandaient des chants exigeant l’implication personnelle du Gouverneur de province pour une solution urgente à ce problème.
Encadrés par des éléments de la Police Nationale Congolaise, ils se sont rendus sous la pluie à l’Assemblée Provinciale pour solliciter l’implication des élus provinciaux dans le dénouement de cette situation. Leur mémorandum a été lu et déposé entre les mains du Rapporteur de l’Assemblée Provinciale, Ananie Lunanga, qui a promis de réunir toutes les parties impliquées.
Ananie Lunanga a demandé aux manifestants d’accorder à l’Assemblée Provinciale un délai pour discuter avec les députés provinciaux sur cette question.
Après l’Assemblée Provinciale, des membres de la Fédération des Comités Syndicaux des Marchés Urbains, ainsi que des vendeurs et vendeuses, se sont rendus au Gouvernorat de province pour informer l’autorité provinciale de cette situation.
Dans leur mémorandum, ils affirment avoir suivi de près les événements au marché Nyawera et au marché Ciriri suite aux décisions de la bourgmestre de la commune d’Ibanda, Furaha Toto Safari, de suspendre illégalement la présidente du comité syndical du marché Nyawera le 17 septembre 2024, et de la décision de Patience Bengehya, bourgmestre de la commune de Bagira, de suspendre le Président du comité syndical du marché Ciriri-Lwakabirhi le 12 juillet 2024.
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Selon les manifestants, ces décisions ont été suivies de la nomination d’intérimaires le 17 août 2024 pour le marché Ciriri-Lwakabirhi et le 24 septembre 2024, justifiant de rétablir l’ordre public en attendant la réaction de la Société civile.
« Ce comportement est de nature à saper l’honneur et la dignité de la Société civile du Sud-Kivu et de la Fédération des Comités Syndicaux des Marchés Urbains de la ville de Bukavu, qui ont beaucoup peiné pour rétablir l’ordre dans ces marchés à l’issue des processus électoraux ayant porté à la tête du comité syndical du marché Nyawera Madame Ciza Bafurume Antoinette et M. Birabaluge Mburugu Gabriel à la tête du comité syndical du marché Ciriri-Lwakabirhi. »
Après vérification par les équipes de la Société civile et de la FCMU, Alain Shindano a poursuivi en déclarant qu’il s’avère que les allégations portées contre la Présidente du comité syndical du marché Nyawera, injustement suspendue pour avoir entretenu des marchés pirates et perçu des taxes illégales, sont dénuées de tout fondement.
Son procès-verbal d’audition ne fournit aucune preuve à l’appui de ces allégations et il s’agit plutôt d’un règlement de comptes alimenté par les candidats ayant perdu les élections passées, en coalition avec les membres de l’ancien comité sous la présidence de Fabien Binja.
De plus, le Comité Syndical s’était opposé à la délocalisation des vendeurs de légumes au profit d’un opérateur économique, Mamba Rumama, qui aurait acquis une parcelle en plein milieu du marché Nyawera pour y ériger des dépôts et délocaliser les vendeurs.
Pour la Société Civile, les allégations portées contre le Président du comité syndical du marché Ciriri-Lwakabirhi, notamment la suspension des membres de son comité, la perception des frais d’assainissement auprès du marché et le détournement de fonds destinés à l’éclairage public depuis 2023, sont également dénuées de fondement. Pour les manifestants, il s’agit d’un règlement de comptes nourri par l’équipe de Bisimwa Cirhuza et Nshombo Kachuka Victor, candidats ayant récemment perdu les élections.
Les manifestants sont formels : les actes de suspension, dont sont victimes la Présidente du comité syndical du marché Nyawera et le Président du comité syndical du marché Ciriri-Lwakabirhi, sont injustes et sans fondement, car ils ont été pris en violation des textes (statuts et Règlement d’Ordre Intérieur) de ces marchés, ainsi que des statuts et du ROI de la FCMU et de la charte de la société civile.
« Ces suspensions sont à la base de troubles à l’ordre public dans ces marchés et remettent en cause les principes démocratiques. »
Malgré les lettres écrites par les vendeurs, la FCMU et la Société civile pour inciter les deux autorités communales (les bourgmestres de la commune d’Ibanda et de la commune de Bagira) à rétablir la Présidente du Comité syndical du marché Nyawera et le président du comité syndical du marché Ciriri-Lwakabirhi dans leurs droits, aucune suite favorable n’a été donnée jusqu’à présent.
Le Bureau Urbain de la Société civile et la Fédération des Comités Syndicaux des Marchés Urbains de la ville de Bukavu estiment qu’il est temps que l’autorité provinciale s’investisse en urgence en demandant aux bourgmestres de la commune d’Ibanda et de la commune de Bagira de lever sans condition, dans un délai de 48 heures, la suspension de la Présidente du comité syndical du marché Nyawera et du président du comité syndical du marché Ciriri-Lwakabirhi.
Cela vise à mettre fin à la confusion créée par la nomination d’un comité syndical ad intérim, alors que le mandat du comité élu est toujours en cours, et à ramener la paix, la cohésion et l’harmonie au sein de ces marchés.
« Il faut interdire toute ingérence des bourgmestres dans la gestion des comités syndicaux, qui ne relèvent pas de votre autorité mais plutôt de la société civile du bureau de coordination du Sud-Kivu et de la FCMU. Nous encourageons les bourgmestres à faire appel à la société civile et à la FCMU pour des sanctions disciplinaires en cas d’abus de la part d’un président de comité syndical. »
Enfin, ces acteurs prient le Gouverneur Jean-Jacques Purusi de s’impliquer en urgence afin de trouver une solution palliative aux problèmes qui affectent les vendeurs et vendeuses des marchés de la ville de Bukavu.
À défaut, ils promettent d’organiser d’autres actions citoyennes de grande envergure, notamment une désobéissance fiscale dans tous les marchés de la ville de Bukavu, jusqu’à ce que leurs droits soient rétablis.