Le Groupe d’Experts de l’ONU en RDC note qu’alors que les rebelles ADF sont liés de longue date aux activités agricoles menées sur l’ensemble du territoire de Beni au Nord-Kivu, les attaques armées contre des cultivateurs de cacao se sont intensifiées en 2020, pendant les deux périodes de récolte.
Si la crainte d’une attaque armée a découragé certains agriculteurs d’accéder aux champs de cacao dans les régions de Ruwenzori et de Beni, d’autres ont par contre poursuivi leurs activités pour pouvoir survivre, en dépit des risques. «Deux agriculteurs et deux commerçants ont rapporté que le cacao dans des champs abandonnés était récolté par des individus non identifiés autour de Bulongo et Halungupa, entre autres.» dit un rapport à mi-parcours transmis au Secrétaire Général de l’ONU le 23 décembre dernier.
Selon 40 sources interrogés par ces experts, dont des cultivateurs de cacao, des négociants, des représentants de la Société Civile, des membres des FARDC, des autorités de l’État et la MONUSCO ; la culture, la récolte et la vente de cacao sur le territoire de Beni étaient liées à des activités armées menées par les ADF, des groupes Maï-Maï, des agresseurs armés non identifiés, et certains membres des FARDC.
Alors qu’à Kainama, des cultivateurs ne peuvent plus accéder à leurs champs depuis juillet 2020, en raison de la menace d’une attaque des ADF, des agriculteurs de Mavivi, Ruwenzori et Kainama notamment, des cultivateurs et chefs locaux ont attribué la responsabilité des attaques contre les cultivateurs de cacao à des groupes Maï-Maï, à des civils ou à des hommes armés non identifiés imitant les ADF, occupant les champs de cacao et volant le cacao pendant les périodes de récolte.
Lire aussi RDC: des hommes qui se déguisent en ADF pour voler le cacao, parmi les 14 présumés bandits présentés par l’armée à Beni
Lors de la dernière attaque des ADF jusqu’à novembre 2020, quatre agriculteurs ont été décapités par machette le 24 octobre 2020 par les ADF, alors qu’ils récoltaient du cacao dans leurs champs près de Mutwanga, territoire de Rwenzori.
«L’attaque a été confirmée par deux autres représentants de la Société Civile locale. Le producteur de cacao de Mayangose a déclaré au Groupe qu’à son avis, les agriculteurs avaient été exécutés parce que les ADF voulaient accéder au cacao, car c’est ainsi que « les islamistes se soutiennent ». Il a déclaré que depuis le début des attaques des ADF, la plupart des agriculteurs locaux ne pouvaient plus accéder à leurs champs, que les champs étaient occupés et le cacao récolté par des gens qui n’étaient pas leurs propriétaires,» dit ce Rapport.
Le Groupe d’experts dit avoir analysé trois enregistrements audio de personnes enlevées par les ADF entre janvier et mars 2020 autour de Mamove et Oicha, et qui avaient été forcés de cultiver du cacao et d’autres produits agricoles pour les ADF pendant leur captivité.
Deux négociants de cacao, un agriculteur et une autorité étatique, ont décrit le cacao comme une source d’insécurité, car il était ciblé par les ADF pour la subsistance ou la vente, afin de générer des fonds.