Arrestation de Heri Kalemaza (PCP): début d’une répression programmée contre les opposants du FCC Théo Ngwabidje?

C’est peut-être une autre série noire d’arrestations des opposants et des voix discordantes qui s’annonce au Sud-Kivu avec l’actuel Gouverneur FCC  Théo Ngwabidje Kasi. Heri Kalemaza du PCP sera-t-elle la première victime?

En effet, le Porte-parole du Parti Congolais pour le Progrès (PCP), l’avocat Heri Kalemaza a été arrêté dans la matinée de ce samedi 4 avril 2020 alors qu’il se rendait dans une émission radio.

Au téléphone de Laprunellerdc.info Heri Kalemaza affirme avoir été gardé au cachot depuis son arrestation jusqu’à la Prison Centrale de Bukavu dans les après-midi.

« Sur le mandat du Parquet Général du Sud-Kivu, c’est écrit « outrage au Gouverneur ». Le PG dit que le Gouverneur se plaint pour outrage. Je n’ai pas été entendu. J’ai été arrêté sans être entendu et amené au Cachot en me dépouillant de tout et quand ils ont voulu m’entendre pour juste finir la procédure et me déposer où ils devraient me déposer, j’ai exercé mon droit de réponse… » explique brièvement Heri Kalemaza.

Heri Kalemaza est un farouche opposant du Gouverneur Ngwabidje. Depuis l’installation de son équipe, le Porte-Parole du PCP n’a pas cessé de critiquer ce qu’il considère comme son « inefficacité » dans la gestion des affaires publiques. 

Ce dernier temps, il s’est particulièrement montré critique par rapport à la gestion de la prévention et riposte du Coronavirus au Sud-Kivu.

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Il y a quelques jours alors que le Gouverneur revenait de Kinshasa fortement touchée par la pandémie, Heri Kalemaza avait alors appelé à sa mise en quarantaine pour se rassurer qu’il est sain et qu’il ne transmettrait pas la maladie à son entourage.

«Le Gouverneur de province serait arrivé à Bukavu en provenance de Kinshasa. Qu’est-ce-qui justifie cette arrivée nocturne ? Etant donné qu’à Kinshasa il y a déjà des cas de Coronavirus; en bon citoyen, ne serait-il pas mieux que tout celui qui vient de Kinshasa se rende à l’hôpital général pour un test et un confinement de 14 jours pour écarter tout risque de contamination des populations ?», s’interrogeait Heri Kalemaza dans un message relayé sur le réseau social Whatsapp.

D’autres opinions et réflexions politiques venant de sa part lui ont valu des vives réactions et parfois des menaces des proches et communicateurs de l’autorité provinciale.

L’insulteur numéro Un, selon la Cellule de Communication de Ngwabidje

La Cellule de Communication du Gouverneur Ngwabidje présente l’avocat Kalemaza comme un « insulteur public numéro un  rattrapé par la justice ». Un homme qui voulait « désacraliser la fonction du Gouverneur ».

«Face aux insultes et autres imputations dommageables dont Kalemaza arrose régulièrement les réseaux sociaux, le Gouverneur Théo Ngwabidje a pris de la hauteur en vue d’emmener ce jeune homme à s’assagir. Peine perdue. La justice est libre de se saisir de ce cas devenu tristement célèbre abonné à la désacralisation de la fonction du Gouverneur», écrit la Cellule de Commune de Communication.

Dans ce même texte, la Cellule de Communication dit que Heri Kalemaza n’est pas un opposant au Gouverneur. « Il n’est même pas son adversaire », écrit-on.

Va-t-on vers le musellement des voix discordantes?

S’il faut attendre que la justice fasse son travail pour tirer les choses au clair, cette arrestation de Heri Kalemaza qui l’a conduite urgemment à la Prison Centrale de Bukavu fait réfléchir.

Cela pourrait relancer le débat sur la volonté de faire taire toute voix discordante au Sud-Kivu « car depuis un temps, ceux qui tentent de réfléchir autrement que l’administration Ngwabidje sont insultés et/ou qualifiés de tous les maux » explique un acteur politique qui dit désapprouver la méthode pour arrêter Kalemaza.

Les médias et journalistes non épargnés

Cette crainte pourrait s’élargir aux médias et aux journalistes, spécialement ceux des médias en ligne du Sud-Kivu. 

Le jeudi 12 septembre dernier par exemple,  le Coordonnateur adjoint de la Cellule de Communication avait dévoilé ce qui peut être considéré comme un projet pour rendre docile les médias en ligne qu’il accuse « d’échapper aux règles d’éthique et déontologique ».

«Faudra-t-il que la Province les oblige au travers un édit à payer les taxes et impôts pour  leur opérationnalisation légale et légitime en Province ? » s’interroge Éphrem Iragi, dans un message adressé aux responsables des médias et largement relayé sur les réseaux sociaux.

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Pour le Coordonnateur adjoint de la Cellule de communication de la province, en laissant les acteurs politiques et sociaux critiquer l’autorité provinciale, la liberté de presse est devenue du «libertinage ».

«Faut-il entendre par votre science aux différentes attaques injustes contre le Gouverneur de Province, délibérées dans certains Conseils de rédaction et même par certains Journalistes dits Chroniqueurs politiques comme une complicité de votre part? » demande-t-il aux responsables des médias.

D’autres responsables des médias audio-visuels de Bukavu avaient alors témoigné avoir reçu des menaces de fermeture parce qu’ils étaient trop critiques envers le numéro Un du Sud-Kivu.

Le dossier de Heri Kalemaza du PCP ouvre-t-il la liste d’une longue série noire des actes contre la liberté d’expression, de pensée ou de d’informer? En tout cas, rien n’est exclu dans une province avec une histoire sombre de violations de droits de l’homme à l’encontre notamment des défenseurs des droits humains, journalistes et/ou acteurs politiques.

Gracieuse Wany S.