Intervenons-nous

    À Bukavu, plusieurs travailleuses du sexe témoignent avoir été victimes de violences dans l’exercice de leur activité. À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleurs du sexe, célébrée ce jeudi 17 décembre 2025, certaines ont accepté de briser le silence et de raconter leur vécu à La Prunelle RDC.

    Dans la commune d’Ibanda, on rencontre Anna dans un bistrot. Cette professionnelle du sexe raconte avoir subi une agression physique de la part d’un client qui tentait de lui imposer des pratiques non prévues dans leur accord initial. Face à son refus, elle affirme avoir été frappée.

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    Cherchant assistance auprès de la police, Anna dit s’être heurtée à un accueil humiliant.

    « Un jour, un client m’a frappée parce que je ne voulais pas faire ce qu’il demandait. Je suis allée à la police, mais ils se sont moqués de moi. Ils m’ont dit de changer de travail. Pourtant, je fais ce travail pour nourrir mes enfants », témoigne-t-elle.

    Dans la commune de Kadutu, près de l’Hôpital général de Bukavu, Nathalie rapporte une expérience similaire. Elle explique qu’un client aurait refusé de la payer après le rapport, affirmant qu’elle « n’avait rien fait de spécial », alors qu’il l’aurait contrainte par la force.

    « C’était un motard. Il semblait avoir consommé de l’alcool. Quand le temps était écoulé, il disait qu’il n’était pas satisfait et ne voulait pas me payer. J’ai voulu partir, mais il refusait. C’est notre agent de sécurité qui est intervenu. Après une longue discussion, il a finalement payé », raconte-t-elle.

    Ces témoignages mettent en lumière des violences souvent banalisées ou ignorées, et un manque de protection pour les travailleuses du sexe, y compris lorsqu’elles cherchent recours auprès des services de sécurité.

    À l’occasion de cette journée internationale, les travailleurs et travailleuses du sexe appellent à plus de respect, à une meilleure protection et à la reconnaissance de leurs droits humains. Elles exhortent les autorités, la société civile et les forces de sécurité à les écouter, à les protéger et à cesser les jugements.

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    Car au-delà des stigmates, rappellent-elles, elles restent avant tout des êtres humains, qui ont droit à la dignité, à la sécurité et à une vie sans peur.

    Franck Muzigirwa

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