« La prison et les coups-bas : chance ou malchance? » c’est le titre d’une Tribune de l’abbé Jean-Baptiste Kabazane sur Vital Kamerhe. Une tribune qui intervient alors que la Cour de Cassation vient encore une fois de rejeter sa demande de liberté provisoire. Dans cette tribune, ce prêtre connu pour son engagement pour les plus faibles, appelle en conclusion à prier pour Vital Kamerhe afin qu’il mette en pratique sa vision pour un grand Congo.
Depuis l’invitation et la livraison à l’opprobre de celui qu’au fil de l’expérience on a appelé «Pacificateur jusqu’au bout », la satisfaction de ceux qui rendent visite au Dircab du Chef de l’Etat congolais consiste en ceci que l’homme ne rumine ni haine, ni antipathie, ni vengeance envers personne. Cette attitude de sérénité et de loyauté dans la souffrance étonne plus d’un.
Ainsi , Vital Kamerhe veut marcher à la suite des personnalités les plus influentes du monde, qui ont changé leurs épines en couronnes, réagissant par une volonté dynamique et transformant les circonstances négatives en bases solides et positives pour un nouveau départ. Son espérance et sa foi en ce Dieu Juge juste, lui inspirent de réagir à tout par le « Dieu est au contrôle ».
Paradoxalement, qu’une expérience si cuisante et humiliante, comme la prison préfabriquée et les coups-bas au but d’anéantir, ne soit récupérée par le diable pour prouver à l’«Aigle de Bulwi »- et à tout homme humilié-, qu’il est réellement abandonné par Dieu et livré à l’épreuve (les mystiques parlent d’obscurité de la foi qui fait surgir la terrible question: « Où est Dieu à travers tout ceci? »), c’est déjà un signe que la grâce de Dieu est à l’œuvre, purifiant en l’homme d’Etat ce qui, de l’humain, corrompt et souille pour l’orienter vers la source de toute justice et vérité, d’où jaillit le pardon des ennemis et le refus de recours à leurs armes.
L’HOMME HUMILIE : HEUREUX OU MALHEUREUX?
Kamerhe le sait bien, son Dieu est plus grand que ses problèmes! Voilà une source de joie! En prison-et tout homme dans son humiliation, chacun à son tour-, Kamerhe découvre mieux le Dieu Amour et s’exerce à comprendre son mystère, et à connaître l’homme.
Cinq mois après, que dire encore? L’histoire du paysan chinois peut nous instruire.
Un vieux Paysan chinois avait un cheval. Un jour, l’animal s’enfuit et ne rentra pas. L’apprenant, les voisins vinrent lui dire tout compatissants: «oh, comme tu es malheureux et privé de chance en cette vie! « . L’homme répondit : » chance ou malchance, bonheur ou malheur, nul ne pourrait le dire ».
Quinze jours plus tard, le vieux tout triste et désespéré, vit son cheval revenir à la ferme et suivi d’une dizaine de chevaux sauvages. Voyant cela et pleins d’admiration, les voisins dirent au paysan: » Comme tu es béni, tu as bien de la chance! « . Il dit: « Chance ou malchance, qui sait? « .
Un jour, le fils du paysan sauta sur une des montures et cassa sa jambe. Pour sûr, c’était de la malchance! Voyant les gens s’apitoyer, le père hocha la tête et dit : «Chance ou malchance, on verra bien! ». Les jours passèrent.
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C’était la guerre civile dans la province. Un groupe de soldats passa dans le village, emmenant de force tous les jeunes gens en âge de porter un fusil. Seul le garçon à la jambe cassée ne partit pas. On lui dit, quel malheur pour ton fils de manquer au combat! Il répondit: » Malheur ou bonheur, nul ne saurait le dire maintenant! « …
En effet, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. On ne sait jamais si tel événement est chance ou malchance. Il faut attendre la fin de l’histoire, et peut-être la fin de la vie pour conclure. Alors en se retournant, on verra mieux ce qu’il en était (cf. Psaume 25,4). Apprenons donc des événements de cette vie qu’un arbre cassé n’est pas un bois mort et que nul ne peut dire avec précision la ligne que prendra l’histoire. Et tant que Dieu n’a pas fermé les rideaux, point de désespoir.
Prions pour Vital Kamerhe, homme au grand cœur, et supplions le Juge juste et impartial de hâter le jour du partage de sa « vision d’un Congo qui se lève et marche pour le bonheur des Congolais et des africains. Car, notre Congo doit retrouver sa place naturelle : la locomotive de l’Afrique subsaharienne »!
Abbé Kabazane Nsibula Jean-Baptiste