« Hier, Kinshasa comme à l’Est? ». C’est par cette interrogation que le Professeur Moïse Cifende Kaciko interpelle les dirigeants Congolais sur le drame que traverse l’Est du pays. Revenant sur les condamnations qui ont suivies l’action violente de plusieurs partisans de l’UDPS et autres contre les biens et résidences des députés et particuliers, cet enseignant d’Université rappelle que ces exactions sont le quotidien des populations de l’Est du pays. Celui-ci appelle urgemment à une action pour soulager la souffrance des populations longtemps meurtries.
Laprunellerdc.info vous propose ci-dessous cette sortie du Professeur Moïse Cifende en forme de Tribune.
« Hier, Kinshasa comme à l’Est ?
Les manifestations violentes d’hier semblent, à juste titre, émouvoir tout le monde.
Kinshasa, surtout nos élus et gouvernants, ont palpé du doigt l’insécurité. On clame, comme il se doit, plus jamais ça ! Mais c’est ça la situation permanente d’insécurité que vivent les populations à l’Est notamment à Béni, Rutshuru, Masisi, Wakikale, Kabare, Mwenga, Shabunda, Kalehe, Fizi, Salamabila, Minembwe, Bijombo…. où les populations civiles sans défense font face aux groupes armés qui tuent, violent, pillent tout à leur passage..(Ceux d’hier les fameux Wewa n’avaient pas d’armes à feu ni de munitions, imaginez la terreur qui terrassent les populations civiles de l’Est faisant quotidiennement face aux groupes armés).
Si tout le monde s’est scandalisé hier, y compris les agences internationales, scandalisons nous face à la persistance de l’insécurité et à l’activisme des groupes armés à l’Est du pays. Plus de deux décennies d’activisme armé… et on ne voit pas l’issue, c’est trop. Dramatique.
Dans tous les camps on devrait faire tout pour sécuriser les populations civiles sans défense livrées aux groupes armés très cruels. Tirons des leçons pour plus d’humanité. Là à l’Est on se réveille sans être sûr de survivre toute la journée, on va au champ sans être sûr de rentrer sain et sauf à la maison, encore moins de récolter, chaque femme qui se réveille n’est pas sure de rentrer à la maison le soir sans être violée… C’est le lot de tous les jours…voici deux décennies et plus.
Tout le monde est sorti sur ses chevaux hier pour dénoncer la barbarie… Je le veux bien. Mais songeons à ceux qui vivent pire que ça, dans une indifférence révoltante des leaders vivant à Kin la belle qui souvent, pour certains, tirent les ficelles.
Les jeunes qu’on a vu en colère hier, ce ne sont pas tous des militants UDPS. Mais l’expression de la colère d’un peuple dont les attentes sont trahies, qui attend un changement qui tarde à venir. Toute occasion est bonne pour régler les comptes au « voleur de son bonheur ». Heureusement la peur ou la prudence liée au Covid-19 a limité les dégâts. Les stratèges devraient voir cela venir.
Le message est passé. Le peuple parle rarement mais lorsqu’il s’exprime ses oracles sont indéchiffrables.
L’heure est grave. Pour l’instant les acteurs politiques devaient mettre de côté, ce qui les divise. Ils devraient se dire « Ce qui nous unis (la nation congolaise en péril) est plus fort que ce qui nous sépare. Sacrifier ou geler momentanément les conflits ou les réformes partisanes et se concentrer sur la défense de la patrie menacée, sur le bien-être économique et social du peuple et la construction d’une économie résiliente face au Covid-19, inclusive et durable en cette période difficile de l’effondrement de notre économie, de l’occupation de notre territoire national par les armées étrangères et d’insécurité conséquente entretenue à l’Est.
Il est des crises qu’on peut éviter. Les projets de lois en question qui ne reforment rien, devraient être retirés par leurs auteurs. Il n’y a pas péril en la demeure…
Il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un système de droit et de justice sociale afin que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie, l’oppression et la misère.
Pr. Cifende Kaciko Moïse »
Un commentaire
Un très bon article.