Intervenons-nous

À Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, les Violences Basées sur le Genre (VBG) restent une problématique majeure qui affecte durablement les femmes, les enfants et, dans certains cas, les hommes. Face à cette réalité préoccupante, les Églises de la ville se positionnent comme des acteurs clés de prévention, de sensibilisation et d’accompagnement des victimes, en s’appuyant sur leurs enseignements religieux et leur proximité avec les communautés.

Dans les différentes confessions religieuses rencontrées, le message est unanime : la violence est incompatible avec la foi et constitue une atteinte grave à la dignité humaine. Les responsables religieux appellent ainsi à un changement profond des mentalités, fondé sur l’amour du prochain, le respect mutuel et la responsabilité individuelle et collective.

Pour l’Église catholique, toute forme de violence basée sur le genre est considérée comme une offense envers Dieu et envers l’humanité.

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La Sœur Aimerance Lukengerwa, de la Congrégation des Filles de Marie Reine des Apôtres de Bukavu et responsable de la dynamique femmes à la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP), affirme que l’Église reconnaît pleinement l’ampleur des VBG dans la société.

« Les violences basées sur le genre sont une atteinte à la dignité de la personne humaine et une offense envers Dieu, Créateur de l’homme et de la femme », souligne-t-elle.

Elle insiste sur le rôle pastoral et éducatif de l’Église dans la prévention de ces violences.

« L’Église n’est pas la police, mais elle a le devoir d’éduquer les consciences, de sensibiliser les familles et d’accompagner les victimes vers des structures de prise en charge médicale, psychologique et juridique. »

À travers les paroisses, les Communautés Ecclésiales Vivantes et des structures comme Justice et Paix, l’Église catholique mène des actions de sensibilisation et promeut l’égalité et la dignité entre l’homme et la femme, tous deux créés à l’image de Dieu.

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Dans les Églises de réveil de Bukavu, la lutte contre les VBG repose principalement sur la conversion personnelle et la transformation intérieure des croyants. Le pasteur Elie Ngoy, de l’Église Impact Centre Chrétien (ICC) de Bukavu, explique que la violence est contraire à l’esprit de l’Évangile.

« La violence n’est pas un fruit de l’Esprit de Dieu. Là où le Christ règne, il ne peut y avoir ni abus, ni domination, ni oppression », affirme-t-il.

Selon lui, la prévention passe par l’enseignement biblique et la responsabilisation des fidèles.

« Nous enseignons aux hommes et aux femmes le respect mutuel, la fidélité et la responsabilité dans le foyer, car une foi vécue sincèrement ne peut produire la violence. »

Ces Églises encouragent également les victimes à briser le silence et à chercher de l’aide auprès des structures compétentes, tout en mettant un accent particulier sur l’encadrement des jeunes et des couples.

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De son côté, l’Église Kimbanguiste condamne sans équivoque toutes les formes de violences basées sur le genre. Un pasteur kimbanguiste, ayant requis l’anonymat, rappelle que l’enseignement de Simon Kimbangu repose sur la paix, l’amour du prochain et le respect de la personne humaine.

« La violence détruit l’harmonie voulue par Dieu dans la famille et dans la société. Un croyant ne peut pas se réclamer de Dieu et faire du mal à son prochain », souligne-t-il.

Il insiste également sur l’égalité de dignité entre l’homme et la femme.

« L’homme et la femme ont été créés avec une dignité égale devant Dieu, et aucun n’a le droit de dominer ou d’humilier l’autre par la violence. »

À Bukavu, l’Église Kimbanguiste agit principalement à travers l’éducation morale, la discipline spirituelle et la responsabilisation des chefs de famille, afin de prévenir les conflits et les abus au sein des foyers.

Si leurs approches diffèrent, les Églises rencontrées à Bukavu partagent une conviction commune : la lutte contre les violences basées sur le genre nécessite une mobilisation collective et durable. À travers l’enseignement religieux, la sensibilisation communautaire et l’accompagnement des victimes, ces confessions s’efforcent de faire de la foi un véritable levier de protection de la dignité humaine et de promotion de la paix sociale.

Edith Kazamwali

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