Intervenons-nous

    L’annonce du retrait unilatéral des forces de l’Alliance Fleuve Congo – M23 (AFC-M23) de la ville d’Uvira, faite le 15 décembre 2025 dans un communiqué évoquant le soutien aux accords de Doha, suscite incompréhension, scepticisme et espoirs mitigés chez des habitants de Bukavu, rencontrée dans les rues ce mardi 16 décembre 2025.

    Pour de nombreux habitants, cette décision intervient dans un contexte sécuritaire et socioéconomique déjà fragilisé, au détriment, selon eux, des civils qui continuent de subir les conséquences directes du conflit.

    Lire aussi : Est de la RDC: la rébellion de l’AFC-M23 annonce un retrait unilatéral de ses forces de la ville d’Uvira

    Héritier, habitant de Bukavu, estime que la crise est devenue si complexe qu’elle en est difficilement compréhensible pour la population. Il dénonce une médiation internationale perçue comme contraignante pour les parties prenantes.

    « Les affrontements qui se sont déclarés dans la plaine de la Ruzizi étaient prévisibles, parce que depuis Doha, on avait l’impression que le médiateur forçait la participation des parties au processus de paix. Le fait qu’une partie au conflit, dont le M23, décide de se retirer d’Uvira, qui est un point stratégique, peut être perçu comme un signe de bonne volonté. Mais l’autre partie devrait aussi cesser les affrontements dans certaines zones. La solution ne peut venir que des deux parties au conflit », explique-t-il.

    Il souligne que, le conflit étant politico-militaire, toute issue pacifique devrait avant tout garantir la sécurité d’une population qui ne maîtrise ni les enjeux politiques ni militaires, mais qui subit les conséquences.

    Pour Tatiana, ce retrait annoncé ne changera rien à la situation actuelle du pays. Elle évoque une crise multidimensionnelle persistante.

    « La crise est toujours là : l’inflation de la monnaie congolaise, le chômage… Et je ne sais même pas s’ils vont respecter leur parole de retirer leurs troupes. Les autorités doivent revoir leur politique et aimer le peuple, pas leurs poches », regrette-t-elle.

    Faida, de son côté, insiste sur les attentes concrètes de la population : le retour à une vie normale et la relance des activités économiques.

    « Ce que nous voulons, c’est que la paix revienne pour que les activités vitales reprennent normalement. Nous voulons la réouverture des banques à l’Est du pays et, surtout, la sécurité de la population. C’est aux autorités de ramener la paix », affirme-t-elle.

    Lire aussi : Prise d’Uvira : l’AFC-M23 annonce le retour de 500 réfugiés burundais et propose un cessez-le-feu au Burundi

    Pour Éric, les motivations réelles du retrait du M23 d’Uvira restent floues. Il exprime une lassitude face aux multiples processus de négociation sans résultats tangibles.

    « À chaque fois, on parle de négociations à Doha ou à Washington, mais sur le terrain, rien ne change. La guerre continue. S’ils se retirent réellement, gloire à Dieu, mais qu’ils quittent toute la province du Sud-Kivu. C’est seulement à ce moment-là que nous pourrons croire à cette information », estime-t-il.

    Sylvie Bahati et Divine Busime

    Share.
    Leave A Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.