Intervenons-nous

Le monde a célébré, ce 9 décembre, la Journée internationale de lutte contre la corruption. Une journée symbolique, mais surtout un rappel urgent face à un fléau qui fragilise les institutions, bloque le développement et mine la confiance sociale. À Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, cette date prend une résonance particulière. Ici, plusieurs jeunes se lèvent pour dénoncer ce qu’ils qualifient de corruption « normalisée », devenue presque banale dans le quotidien.

La Prunelle RDC a rencontré quelques jeunes de la ville qui refusent de se résigner et veulent devenir des sentinelles citoyennes.

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David Bafunyembaka, Secrétaire Exécutif du Conseil provincial de la jeunesse, reconnaît que l’engagement des jeunes dans la lutte contre la corruption reste insuffisant.

Selon lui, plusieurs facteurs l’expliquent : le manque de moyens, l’absence d’espaces d’expression, le découragement face à l’impunité, mais aussi la peur de représailles.

Il plaide pour la mise en place de mécanismes sûrs et anonymes de dénonciation, afin de réduire les risques et encourager les jeunes à briser le silence.

« Refusons d’être complices par notre silence et engageons-nous concrètement dans cette lutte », lance-t-il comme message à la jeunesse.

Pour Héritier Mutimanwa, jeune activiste, le combat doit commencer par un changement personnel.

Les jeunes, dit-il, doivent d’abord rompre avec les pratiques corruptives et ensuite dénoncer celles qu’ils observent.

« Ce que nous devons changer, c’est cette culture de tolérance et d’indifférence devant des actes qui rongent notre pays et freinent le développement communautaire », insiste-t-il.

Danny Bahizire, jeune habitant de Bukavu, souligne que la jeunesse doit être un acteur de changement, et non un agent de corruption.

Pour lui, tout part de la promotion de la transparence, mais aussi de l’adoption d’une culture de responsabilité à tous les niveaux.

« Il faudra renforcer l’éducation citoyenne et l’éthique dès le bas âge, créer des espaces d’engagement pour les jeunes dans les institutions, valoriser ceux qui osent dire non à la corruption et intégrer la jeunesse dans les mécanismes de gouvernance », propose-t-il.

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Merveille Boroto, de l’organisation Eden Fondation, estime pour sa part qu’un déficit majeur entrave la mobilisation : le manque d’éducation citoyenne. Selon elle, de nombreux jeunes ne croient plus en leur propre capacité de changer les choses.

« Les jeunes doivent croire que leur voix compte réellement. Beaucoup se sentent inutiles ou pensent que rien ne peut changer, et c’est cela qui paralyse la lutte », regrette-t-elle.

La mobilisation observée à Bukavu fait écho à la thématique choisie cette année par les Nations Unies. La campagne mondiale 2024–2025 pour la Journée internationale de lutte contre la corruption met en lumière un thème fort : le rôle des jeunes dans la construction d’une société intègre, transparente et responsable.

Esther Rehema

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