Intervenons-nous

La journée du mardi 9 décembre 2025 a été particulièrement sombre pour la presse dans la ville d’Uvira. Deux journalistes ont été victimes d’actes d’extorsion et d’intimidation alors qu’ils exerçaient leurs fonctions, ravivant les inquiétudes sur la sécurité des professionnels des médias dans cette partie du Sud-Kivu, déjà fragilisée par un contexte sécuritaire volatile.

Pascal Bahunde Ruvunira, journaliste, cameraman et directeur du média en ligne La Presse Africaine, a été agressé aux environs de 11 heures dans le quartier Nyamianda, à proximité du camp militaire Estagrico.

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Selon son média, des individus présentés comme des éléments des Forces Armées de la RDC (FARDC) l’ont intercepté et dépouillé de tout son matériel professionnel : caméra, microphones, ordinateur portable, téléphones, pièces d’identité, ainsi qu’une somme d’argent. Visiblement identifiable comme journaliste et revenant d’une mission professionnelle, il n’a eu aucune possibilité de résistance.

Face à cette attaque violente, la Corporation des Médias en Ligne (COMEL-RDC) a exprimé sa profonde indignation. Dans un communiqué, elle qualifie l’acte de grave abus et d’intimidation, rappelant qu’il constitue une atteinte directe à la liberté de la presse. La COMEL-RDC exhorte les autorités civiles et militaires à ouvrir une enquête urgente, à retrouver les auteurs et à garantir la sécurité de Pascal Bahunde comme de tous les journalistes.

Le même jour, un second incident a été rapporté. L’Union des Femmes des Médias pour la Paix  au Sud du Sud Kivu (UFMP) annonce que Françoise Bukuru Mwilule, journaliste à la RTNC et chargée de programme au sein de la structure, a été victime d’intimidation alors qu’elle participait à une mission de médiation aux côtés du maire adjoint d’Uvira.

Des éléments incontrôlés des FARDC l’auraient menacée, lui arrachant son téléphone ainsi que d’autres outils de travail. La journaliste a même échappé de peu à un tir, un acte qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.

L’UFMP condamne vigoureusement ces violences et rappelle que la protection des journalistes est une obligation inaliénable, même dans les zones de tension. Elle appelle à la sécurisation urgente des professionnels des médias et au respect strict de la liberté de la presse.

Ces deux agressions, intervenues le même jour et impliquant des acteurs armés, expliquent parfaitement un climat de plus en plus hostile à l’exercice du journalisme à Uvira. Elles interviennent dans un contexte sécuritaire déjà tendu où les rebelles du M23 ont fait leur avancée dans cette région.

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En attendant, les autorités sont appelées à prendre des mesures immédiates pour garantir la sécurité des journalistes, prévenir de nouvelles attaques et réaffirmer le caractère sacré de la liberté de la presse.

Abdallah Mapenzi

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