Intervenons-nous

Le gouvernement congolais se dit “consterné” par l’écart croissant entre le discours conciliant du groupe armé AFC-M23 dans les instances internationales et la poursuite des violences sur le terrain dans l’Est de la République démocratique du Congo.
C’est ce qu’a déclaré la ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, Thérèse Kayikwamba Wagner, dans une interview accordée à DW.

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Selon la cheffe de la diplomatie congolaise, la posture affichée par la rébellion lors des processus de médiation contraste vivement avec la réalité des attaques, une situation jugée « frustrante » pour Kinshasa, alors même que les autorités participent aux pourparlers en vue du rétablissement de l’autorité de l’État.

Thérèse Kayikwamba Wagner a dénoncé les « efforts continus » de ce mouvement, soutenu militairement par le Rwanda selon Kinshasa, pour s’accaparer davantage de terres.

« Et ça, c’est un message que nous envoyons de manière très claire à tous les membres de la communauté internationale qui nous ont poussés à avoir ces pourparlers avec le M23 », a-t-elle insisté.

La ministre rappelle que le gouvernement reste disposé à poursuivre les discussions, à condition que la notion de redevabilité soit garantie pour toutes les parties.

“La paix durable passe par une redevabilité immédiate”

Pour Kinshasa, la responsabilité ne peut être différée.

« Si nous voulons avoir une paix durable dans la région des Grands Lacs, cela ne pourra pas se passer sans redevabilité », a affirmé la ministre, précisant que celle-ci « ne vient pas après, ni dans un futur lointain, mais commence dès maintenant ».

Elle insiste sur la nécessité que tous les acteurs soient tenus responsables de leurs engagements et de leurs manquements, et appelle la communauté internationale à instaurer un environnement qui rend les pourparlers crédibles.

« Ça veut dire aussi que la communauté internationale a un rôle à jouer pour créer un environnement propice à des pourparlers qui sont pris au sérieux », a-t-elle ajouté.

Pour Thérèse Kayikwamba Wagner, la solution au conflit passe notamment par une pression accrue de la communauté internationale, en particulier de l’Union Européenne.

« Nous demandons à l’UE une analyse plus approfondie de ce qui peut être fait. Quand nous parlons des sanctions, il y a toute une panoplie de mesures. Il faut identifier les leviers à activer pour avoir une réaction plus forte. »

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Elle déplore que certains partenaires se réfugient derrière la complexité du dossier : « Dire que c’est complexe ou difficile de trouver un consensus, pour nous, c’est se dédouaner assez facilement d’une situation », estime-t-elle.

Cette prise de position intervient quelques semaines après que l’Union Européenne a proposé la réouverture de l’aéroport de Goma pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.

Une proposition immédiatement rejetée par l’AFC-M23, avant de disparaître du débat public.

Pendant ce temps, les affrontements se poursuivent entre les milices Wazalendo et les combattants du M23-AFC, en violation des engagements pris dans l’accord-cadre de Doha, signé récemment entre le gouvernement congolais et la coalition rebelle.

Séraphin Mapenzi

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