À l’occasion de la Journée internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes commis contre les journalistes (IDEI), célébrée chaque 2 novembre, l’UNESCO met cette année l’accent sur les violences sexistes facilitées par l’intelligence artificielle (IA) ciblant les femmes journalistes.
Placée sous le thème « Chat GBV : Sensibiliser à la violence sexiste facilitée par l’intelligence artificielle à l’égard des femmes journalistes », cette édition attire l’attention sur une menace croissante dans l’espace numérique.
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Selon l’UNESCO, les femmes journalistes sont fréquemment visées par des attaques en ligne utilisant des technologies d’IA, telles que les deepfakes, la désinformation genrée, la surveillance numérique et le harcèlement automatisé. Ces violences, appelées TFGBV (Technology Facilitated Gender-Based Violence), créent un climat d’intimidation et restreignent la liberté d’expression.
Le rapport The Chilling (2021) indique que 73 % des femmes journalistes ont déjà subi des menaces en ligne, et une sur quatre a été victime d’agressions physiques liées à ces attaques. Plus largement, 58 % des jeunes femmes et filles dans le monde ont rapporté avoir subi du harcèlement sur les réseaux sociaux.
Au Zimbabwe, 63 % des femmes journalistes interrogées déclarent avoir été victimes de TFGBV, principalement par discours de haine, doxxing et abus d’image, tandis que 14 % ont subi des violences physiques en conséquence. En Ukraine, 81 % ont été confrontées à des violences numériques, incluant diffamation, trolling genré et menaces visant leurs proches, souvent suivies de harcèlement hors ligne.
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Dans le cadre de cette journée, l’UNESCO lance une campagne mondiale pour sensibiliser aux risques de ces violences sur les femmes journalistes et autres groupes vulnérables. La campagne s’appuie sur le Programme de l’UNESCO pour la sécurité des femmes journalistes, le Rapport mondial 2025 sur la liberté d’expression et le développement des médias, ainsi que les recommandations issues de la consultation Beijing +30.
Proclamée en 2013 par la Résolution A/RES/68/163 de l’Assemblée générale de l’ONU, la journée commémore l’assassinat de deux journalistes français au Mali la même année. Entre 2006 et 2024, plus de 1 700 journalistes ont été tués dans le monde, selon l’Observatoire de l’UNESCO, et près de neuf affaires sur dix demeurent impunies, ce qui perpétue un cycle de violence et compromet le droit du public à l’information.
Chaque année, l’IDEI rend hommage aux journalistes assassinés, dénonce les violences contre la presse et réaffirme l’engagement collectif pour leur protection. Pour l’édition 2025, l’UNESCO invite médias, ONG et citoyens à unir leurs efforts pour garantir un espace numérique sûr, équitable et respectueux des droits des femmes journalistes.

