Dans les bars et les boutiques, les bouteilles se font rares. Les prix, eux, explosent.
« Avant, on vendait la bière à 3.500 ou 4.000 francs congolais. Aujourd’hui, c’est à 8.000 francs la bouteille ! », s’indigne Sylvie Ngalula, vendeuse de produits Bralima. La rareté a nourri la spéculation, poussant certains commerçants à vendre « à la chèque », un système de crédit devenu risqué dans ce climat d’incertitude.
Bien plus qu’un simple manque de bière, la fermeture de la Bralima paralyse toute une chaîne économique. Commerçants, transporteurs, revendeurs de sous-produits comme la drèche — un résidu brassicole utilisé comme aliment pour le bétail — sont à l’arrêt.
« Des éleveurs de porcs, de vaches et même de poissons ne trouvent plus de drèche pour nourrir leurs bêtes. La production animale diminue, les prix grimpent, et les marchés se vident », alerte Blaise Musole, acteur de la Société civile locale.
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Ce sont surtout les femmes commerçantes, à la tête de petites activités génératrices de revenus, qui subissent de plein fouet les retombées de cette fermeture.
« Il y a beaucoup de mamans qui survivaient grâce à ça. Aujourd’hui, elles n’ont plus rien. C’est une catastrophe silencieuse », confie un habitant d’un Quartier de Kadutu.
La crise économique amplifie une précarité déjà préoccupante. Chômage, perte de revenus, inflation : les répercussions touchent l’ensemble du tissu social alors que le Sud-Kivu est encore marqué par l’insécurité et des défis humanitaires récurrents.
Face à cette crise multiple, la Société civile appelle les autorités nationales à intervenir rapidement. Parmi les pistes proposées : la relance sécurisée des activités de la Bralima, le soutien aux éleveurs privés de drèche, ou encore la création de circuits alternatifs d’approvisionnement pour soulager les commerçants et les consommateurs.