Intervenons-nous

Les populations de l’Est de la République démocratique du Congo, déjà éprouvées par des décennies de conflit, se trouvent aujourd’hui confrontées à des violences inouïes de la part de groupes armés, notamment les miliciens maï-maï, les Raia Mutomboki (RM) sous le nouveau label de « Wazalendo ». Les actes d’exactions commis par ces milices sont alarmants : tortures, meurtres, rançonnements et intimidations se multiplient, plongeant les citoyens dans la peur et l’impunité.

Des acteurs de la société civile dans la région sud du Sud-Kivu ainsi que dans le territoire de Kabambare tirent la sonnette d’alarme. Récemment, un motard a été victime des Wazalendo dans le village de Katungulu, secteur de Tanganyika, territoire de Fizi, lorsque des clients ont refusé de payer une taxe illégale de 1 000 FC sur une barrière érigée sur la route nationale numéro 5. Le 10 octobre 2024, la situation a dégénéré, et le motard a subi des violences physiques en représailles.

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Le 29 septembre 2024, un certain Ézéchiel Murhimbo a été tabassé à demi-mort par les Wazalendo à Bushushu, dans le territoire de Fizi. Les habitants de cette localité expriment leur désespoir et demandent des interventions de la part des autorités, soulignant qu’une nouvelle vague de meurtres pourrait s’abattre sur leur communauté si rien n’est fait.

À Mwenga, des actes d’arrestation arbitraire sont également rapportés, comme celui d’un mineur de 16 ans, emprisonné pour un vol présumé de 70 000 FC. Les autorités locales et la société civile appellent à la libération immédiate de ce jeune sans condition, dénonçant l’immixtion des milices dans des affaires qui ne relèvent pas de leur compétence.

Les récits des abus des Wazalendo et des maï-maï se multiplient. Dans le territoire de Kabambare, au Maniema, des miliciens ont même organisé des journées mortes pour faire pleurer le décès d’un notable, paralysant ainsi les activités de toute une région.

À Kabachwa, une des avenues du village Ngalula, situé au bord de la rivière Kimbi en territoire de Fizi, deux femmes ont été copieusement tabassées par les Maï-maï alors qu’elles se battaient. Les tortures ont été largement relayées sur les réseaux sociaux, suscitant la colère des activistes des droits humains. Le commandement de Wazalendo, saisi de l’acte barbare, a capturé les deux Wazalendo commanditaires et les a acheminés vers leur commandement.

Sous prétexte de maintenir l’ordre, les Wazalendo ne reculent devant rien. Leurs actions vont jusqu’à la torture de paisibles citoyens à Salamabila, où des barrages illégaux leur permettent de racketter les passants. Malgré les décisions des autorités visant à supprimer ces barrières, la réalité sur le terrain reste bien différente.

Le climat d’insécurité atteint un seuil critique, à tel point que deux acteurs de la société civile, d’Isezya Evari (le Président et son secrétaire), ont été arrêtés pour avoir partagé des informations sur la sécurité. Les miliciens les accusent de sorcellerie, illustrant une fois de plus la dérive vers l’illégalité et l’intimidation.

Les exactions du groupe RM Bozi ne font qu’aggraver la situation. Enchaînant les incursions, les braquages et les actes de torture, ce groupe armé sévit impunément à Shabunda. Les villages se succèdent, les victimes aussi, alors que les autorités publiques semblent sourdes à ces atrocités.

Cette violence ne se limite pas seulement au sud du Sud-Kivu et au Maniema. Dans le nord du Sud-Kivu, précisément dans le groupement de Kalonge (Kalehe), le monde a été choqué par l’assassinat lâche d’un agent humanitaire de Caritas Développement le 19 septembre dernier. Cet acteur humanitaire a été tué le matin du 19 septembre 2024 par des présumés miliciens maï-maï, désormais appelés « Wazalendo ». Un mineur de 17 ans a rapidement été arrêté par les Forces armées de la RDC.

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À Fizi ainsi que dans la région de Baraka, les « Biloze Bishambuke » et d’autres groupes Wazalendo font payer des autorisations de construire. Dans le territoire de Mwenga, deux groupes Wazalendo se battent dans les Hauts Plateaux de Luindi, causant des dégâts et des déplacements massifs de populations.

Ces faits, bien que non exhaustifs, illustrent l’ampleur de la situation sous la présence des Wazalendo. Face à cette spirale de violence et d’impunité, une question se pose : l’État congolais est-il devenu impuissant face aux Wazalendo et autres milices ?

Les citoyens du Sud-Kivu appellent à une prise de conscience urgente et à des actions concrètes pour mettre fin à ces exactions. D’autres appellent l’État à déployer ces miliciens dans des régions où ils doivent combattre l’ennemi, comme au Nord-Kivu. La situation devient intenable alors que les autorités ne semblent pas pressées de trouver une solution.

Jean-Luc M.

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