« Le tableau que j’avais esquissé lors de la clôture de la session ordinaire de mars 2024 reste malheureusement d’actualité », a déclaré Feston Kabeza lors de l’ouverture de la rentrée parlementaire, ce lundi 30 septembre 2024, dans l’hémicycle de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu, devant les députés, le gouverneur et son gouvernement.
Parmi les sujets évoqués figurent la hausse des prix des denrées de première nécessité, comme le carburant, la dépréciation du franc congolais face au dollar américain, et le faible taux de production locale.
« On observe également une précarité croissante, une vie chère, et un accès difficile à certains services sociaux de base, notamment l’eau et l’électricité. Les incendies récurrents dans la ville de Bukavu, aux conséquences dramatiques, devraient tous nous interpeller et nous amener à réfléchir à des solutions durables. La pauvreté généralisée et le chômage des jeunes doivent préoccuper davantage les gouvernements provinciaux », a-t-il souligné.
Kabeza a également souligné que la traçabilité des minerais exploités au Sud-Kivu reste problématique.
Il a dénoncé une administration minière qui ne fonctionne pas de manière cohérente et efficace, ajoutant que la Division des mines, le SAEMAPE et le CAMI semblent ne pas maîtriser leurs compétences, voire être complices de la situation minière actuelle dans la province.
« Ce secteur est aussi marqué par la présence de quelques sociétés minières et coopératives opérant sans tous les documents requis, au mépris de la loi. J’invite le gouvernement provincial à mettre de l’ordre dans ce secteur, qui est crucial pour l’économie de la province du Sud-Kivu », a-t-il insisté.
Devant le ministre de la Santé présent lors de cette rentrée parlementaire, le Président de l’Assemblée provinciale a dressé un constat alarmant de la santé au Sud-Kivu, qui, selon lui, semble inefficace, faisant de la province un foyer d’épidémies telles que la rougeole, la poliomyélite, le choléra et le Monkeypox.
« Pour ne parler que du Monkeypox, il est frappant de constater que le Sud-Kivu fait malheureusement partie des provinces touchées par cette épidémie. En effet, au 20 septembre 2024, la province a notifié 7 098 cas, dont 37 décès. Sur les 34 zones que compte la province, 32 sont déjà touchées », a-t-il précisé.
Pour le président de l’Assemblée Provinciale, les milieux carcéraux sont devenus des mouroirs au lieu de constituer des lieux de rééducation. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité des prisons et d’améliorer les conditions de vie des détenus.
Sur le sujet de l’éducation, il a évoqué la grève des enseignants qui préoccupe l’Assemblée provinciale, demandant aux autorités publiques concernées de s’y pencher en urgence afin de trouver une solution qui permettra aux enseignants de reprendre le chemin de l’école.
Il a également mis en avant le mauvais état des infrastructures routières, qui impacte négativement la circulation des personnes et des biens, ainsi que l’économie locale. Il a demandé la réhabilitation des routes, en particulier les axes prioritaires tels que la RN5 et la RN2, tout en exhortant le gouverneur à intensifier la surveillance sur les routes où des travaux sont en cours.
Par ailleurs, bien que la situation sécuritaire soit globalement calme, Kabeza a noté que la sécurité n’est pas pleinement effective dans la province. Il a mis l’accent sur la présence de groupes armés actifs, tels que les Maï-Maï et les Nyaturas, tout en pointant du doigt les barrières illégales qui contribuent à l’insécurité, entraînant même des pertes humaines.
« À titre d’illustration, une fille de 13 ans a été assassinée alors qu’elle revenait du marché dans le territoire de Mwenga, dans le secteur d’Itongwe, parce qu’elle n’avait pas payé le montant exigé pour traverser une barrière érigée par les éléments d’un commandant Muzalendo. À Kalehe, un agent de Caritas Bukavu a été abattu par des éléments de Raia Mutomboki Wazalendo au niveau de la barrière Choloberlwa, et un infirmier a été tracassé par un élément Wazalendo. À Idjwi, les éléments FARDC ont érigé des cachots dans leurs bases respectives, où ils se livrent à des tortures corporelles, des amendes irrégulières et la confiscation de matériels de pêche, entraînant des homicides à Idjwi, Kalehe et Kabare. À Kabare, à Bushumba, les hommes armés, dits Wazalendo, inquiètent la population par des intimidations et des tracasseries, en interférant dans presque tous les dossiers”, a-t-il dénoncé, revenant sur la recrudescence du banditisme dans la ville de Bukavu, illustrée par des enlèvements, des violences et des tueries.
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