En République démocratique du Congo, une crise interne déchire le parti politique Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Une franche des cadres se réunissant autour de la Convention Démocratique du Parti, organe Statutaire du parti (CDP) a démis Augustin de ses fonctions de Secrétaire Général alors que ce dernier a également prévu de convoquer une autre réunion de la CDP à sa manière, récusant la légitimité de ceux qui se sont réunis. Mais la crise ne touche pas seulement Kinshasa. Elle se récent dans plusieurs Fédérations provinciales dont celle de Bukavu.
A Bukavu, trois camps se dessinent clairement. Il s’agit de celui qui soutient Déo Bizibu Balola, le Secrétaire Général intérimaire désigné par les anti-Kabuya, celui resté fidèle à Augustin Kabuya ou celui qui joue à la prudence dans un contexte de mise en place des institutions au niveau provincial.
C’est à l’instar de Edouard Makala, Combattant et cadre de l’UDPS Bukavu. Pour lui, le temps de Kabuya est révolu. Il évoque une crise liée à la « mauvaise gestion » du parti par Augustin Kabuya.
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« Ce qui est arrivé était déjà prévisible, parce que lorsque l’on vit dans une maison où l’on ne peut plus se parler, on ne peut plus s’entendre, on ne peut plus se sentir redevable, on doit interroger les règles ou les instruments qui nous régissent. C’est ce qui s’est passé le dimanche avec la commission de discipline. Ce n’est plus un secret pour personne, nous en tant que cadre de l’UDPS, gardien de l’idéologie et valeurs Tshisekediste, nous avons soutenu la décision annoncée par le parti parce que l’UDPS n’appartient pas à un individu. Elle n’appartient ni à la famille d’Etienne Tshisekedi ni à celle de Kabuya mais un patrimoine commun pour lequel nous avons investis nos efforts et notre lutte pour qu’elle puisse exister et résister malgré les 37 ans d’opposition », a-t-il dit.
Une destitution illégale
De son côté, le combattant Aubain Mudumbi Marhegane, Cadre de l’UDPS Bukavu estime qu’il n’y a pas crise à l’UDPS. Qualifiant les anti-Kabuya d’un « groupe des personnes à mal de positionnement », il estime que celles-ci ont intentionnellement violé les textes.
Les membres ayant « déstabilisé » Kabuya n’ont plus mandat et sont « démissionnaires », affirme Mudumbi Marhegane Aubain, rappelant la démarche engagée par Kabuya pour reconstituer la Convention Démocratique du parti (CDP).
« Il n’y a pas eu destitution de Kabuya mais ces membres démissionnaires ont rappelé au Secrétaire Général qu’il fallait redynamiser la CDP, d’identifier des membres effectifs qui feront partie de cette CDP comme ils étaient démissionnaires car leur mandat est dépassé », soutient-il.
Plus de peur que de mal
Annie Malongo, Combattante de l’UDPS se présentant comme « talibane » (surnom donné aux cadres impliqués dans la défense acharnée et parfois extrême de la ligne de ce parti) est plutôt réservée.
Elle estime qu’après plusieurs années à l’opposition, des cadres et combattants ont des raisons de s’interroger notamment sur l’exercice du pouvoir. Pour Annie Malongo, cela doit être mis au compte des problèmes à l’interne du parti et qui seront réglés « comme en famille ».
« L’UDPS est un parti de masse et n’appartient pas à un petit groupe mais appartient à ses membres qui se reconnaissent dans le combat d’Etienne Tshisekedi. Ce n’est pas vraiment la faute des dirigeants du parti mais le fait qu’on soit au début de notre mandat. Il nous faudrait au moins 20 ans d’expérience pour que nous puissions goûter à tout ce que nous avions comme aspiration lors de l’adhésion à l’UDPS. Je ne saurai pas appeler cela conflits au sein du parti mais des discussions animées entre les enfants d’une même famille qui tentent de préserver leur maison, de voir comment ensemble ils peuvent avancer. Je suis sûre que d’ici quelques jours, nous allons avoir une solution concertée sur qui va rester entre Kabuya et Bizibu », insiste Annie Malongo.
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Celle-ci rappelle que Augustin Kabuya ne sera pas le premier Secrétaire Général qui a eu des problèmes dans l’exercice de ses fonctions mais que la solution ne sera pas trainée. Elle loue également l’exercice démocratique au sein de son parti.
« D’ici là, ce sera résolu. Nous sommes un parti démocratique et le combat est notre activité de tous les jours. Nous sommes là, nous échangeons chaque fois et nous voulons améliorer les choses et on est arrivé à un moment où on devait se parler. Ce n’est pas être pour Augustin Kabuya ou Déo Bizibu qui intéresse les vrais combattants. L’essentiel est que le parti puisse avancer et celui qui sera désigné de manière concertée, c’est lui qui sera notre Secrétaire Général », dit-elle.
En attendant, la situation au sein de ce parti reste tendue. De nombreux cadres attendent impatiemment l’arbitrage du Président Tshisekedi en vue de décrisper la situation et de trouver définitivement la solution à la crise.
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