La Fédération de Russie a annoncé l’approbation du projet d’accord de coopération militaire avec la République démocratique du Congo. Lequel a été présenté par le ministère russe de la Défense.
Annoncé par le biais du site officiel du gouvernement russe, ce mardi 5 mars dernier, ce principe d’accord viserait le renforcement de coopération et de coordination entre ces deux pays dans le domaine de la sécurité. Ce qui signifie la planification et la réalisation d’exercices conjoints, ainsi que la participation et le suivi des exercices à l’invitation des agences compétentes.
Bien plus, l’accord prévoit des échanges de visites de navires de guerre et d’avions de combat, sur invitation ou demande.
Aujourd’hui, la tension entre la Russie et l’occident est vive suite à la guerre en Ukraine. La RDC est quant à elle confrontée à des sérieux problèmes sécuritaires à l’Est du pays et la main de la Russie est fortement demandée par des congolais.
Mais quelles sont les conséquences qui pourraient résulter d’un éventuel accord ?
Florent Munenge, Professeur en Relations internationales à l’Université Officielle de Bukavu, pense que la RDC a le droit de se choisir des alliés pour mettre fin à la guerre du M23 soutenue par le Rwanda.
« Il faut préciser d’abord que la RDC et la Russie sont deux pays souverains, à ce titre les deux pays peuvent nouer des relations dans n’importe quel domaine. Vous savez déjà que depuis plus de deux décennies la RDC connaît des sérieux problèmes dans ses frontières orientales avec ses voisins je cite principalement le Rwanda, l’Ouganda et dans une moindre mesure le Burundi. Alors, face à la guerre que la RDC est en train de subir du M23 et voyant que l’issue de la guerre ne viendra pas de ces puissances occidentales, la RDC peut choisir des nouveaux partenaires et aller du côté de la Russie peut-être et trouver des solutions à ses multiples problèmes d’insécurité sur ses frontières orientales ».
Cet analyste pense que cet accord peut être un salut pour la RDC, tout comme celui qui aggrave la situation. Pour lui, cette collaboration renforcée entre la Russie et la RDC contribuera à promouvoir la sécurité régionale et à renforcer les relations bilatérales entre les deux pays.
« Cet accord peut être un salut pour la RDC mais également une occasion d’aggravation de la situation, d’abord comme un salut s’il est bien exécuté car il permettra à la RDC de redorer le blason terni de son armée, de ses services de sécurité. L’accord va augmenter la capacité non seulement managériale des services de sécurité mais aussi permettre à la RDC de juguler l’insécurité qui sévit maintenant sur ses frontières Est et mettre hors d’état de nuire les ennemis de la paix. La situation pourra peut-être aggraver l’insécurité dans l’Est et embraser toute la région, c’est dans ce sens que les puissances occidentales, l’OTAN en général ne va pas permettre à la RDC au regard géopolitique et géostratégique de ce pays d’être contrôlé par la Russie », explique Florent Munenge, Professeur en Relations internationales à l’Université Officielle de Bukavu.
Il faut signaler que les détails concernant la formation militaire et d’autres formes de coopération restent confidentiels.
Néanmoins, de son côté le gouvernement congolais a, dans une note de mise au point publiée ce jeudi 7 mars 2024, nie et rejette en bloc les informations sur un accord allant dans ce sens.
« Actuellement, il n’y a aucune discussion bilatérale entre les deux parties pour la mise en œuvre effective de ce projet d’accord. Dans les conditions actuelles, la République Démocratique du Congo n’en envisage aucun non plus », peut-on lire dans ce document.
Le Gouvernement poursuit qu’il s’agit d’un projet d’accord de coopération dont une démarche a été initiée par les deux parties en 1999. Depuis lors, ce processus a pris énormément de temps. Que c’est à peine que le gouvernement russe donne son approbation pour examiner le contenu. Ce qui, selon le gouvernement, ouvre la voie à des discussions qui pourraient conduire à la signature éventuelle d’un accord.
Martial Kalala