Joseph Kabila prend son temps. Alors qu’il a annoncé qu’il devait s’exprimer « dans les prochains jours» sur la situation générale de la République Démocratique du Congo, l’ancien Président traîne les pieds. Comme dans les habitudes de Kabila, le temps des autres n’est pas son temps.
Discret comme depuis sa prise de pouvoir en 2001 jusqu’à la passation du pouvoir en 2018, Joseph Kabila n’a pas dérogé à la règle : l’homme est resté énigmatique sur ses intentions, ses activités.
Mais il y a quelques mois, exactement le 16 Juin 2023, devant une branche de sa famille politique (FCC), plus de 4 ans après la passation du pouvoir à son successeur ; il annonce cette fois qu’il va s’exprimer « dans les tous prochains jours ».
Objectif, selon Barbara Nzimbi, sa Conseillère en Communication : fixer sa famille politique sur les questions d’actualité au pays.*
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« A cet effet, Joseph Kabila a annoncé son intention de s’exprimer dans les tous prochains jours à la population congolaise. Le sénateur à vie appelle sa famille politique à la résistance et à la dignité afin de sortir le pays de la crise dans laquelle elle se trouve actuellement », disait-elle.
Il sait que ses paroles, ses gestes, ses actions et mouvements sont scrutés par des congolais. Eux, qui veulent l’entendre sur la situation de leur pays alors que les relations avec l’actuel Président semblent s’être fortement détériorées. Mais son « bientôt » va finalement atteindre trois mois.
Pourtant, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a convoqué l’électorat pour les élections générales de décembre 2023. Son parti, le PPRD ainsi que son FCC refusent d’y participer évoquant des conditions non favorables à une élection libre et crédible. Encore une fois, Joseph Kabila reste silencieux, comme lors du démantèlement, à coup de billets verts notamment, de sa majorité parlementaire, issue des élections de décembre 2018.
Si nombreux de ses partisans et/ou des congolais admirent son attitude, d’autres par contre ne cachent pas leur agacement, d’autant plus que c’est un ancien Président. Un homme qui connait le Congo et les dossiers et dont ses propositions pourraient peut-être aider à résoudre notamment la crise sécuritaire à l’Est du pays.
Plusieurs cadres de sa famille politique, le FCC, y compris ceux ayant occupé le premier rang dans sa gouvernance ont choisi de traverser de l’autre bord de l’Union Sacrée de Félix Tshisekedi. Certains s’inquiétaient notamment de son silence quasi-permanent.
Ni le démantèlement des personnes issues du FCC dans les institutions, dont son petit frère évincé au poste de Gouverneur du Tanganyika, moins encore les ennuis politico-judiciaires de ceux qui lui sont restés fidèles ou encore des menaces d’arrestation à son encore distillées par des partisans du pouvoir…rien ne lui a fait changer d’avis.
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Joseph Kabila a-t-il toujours l’intention de s’exprimer « bientôt » ? Quand le fera-t-il ? Quel est son temps par rapport à la situation que traverse le Congo ? Préfère-t-il aller jusqu’au bout pour observer le jeu d’une classe politique qui l’a « fortement déçue », selon un partisan ? Des nombreuses questions persistent alors que le fils de Mzee Kabila prend son temps entre Kingakati et Kashamata.
« Comme je n’aime pas les adieux, je préfère vous dire à bientôt », disait Joseph Kabila le 17 août 2018 à Windhoek en Namibie devant les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats d’Afrique australe (SADC).
En tout cas, comme dans Apocalypse 22 :12 où Jésus-Christ (Pour les chrétiens) annonce qu’il revient « bientôt » et dont son retour aura finalement duré plus de 2000 ans, Joseph Kabila ne se presse pas. Il connait sa montre et visiblement, elle ne tourne pas comme toutes les autres montres!