Des incendies à répétition : c’est ce le spectacle désolant qu’offre la ville de Bukavu depuis des années déjà et spécialement en saison sèche. Le dernier cas en date est celui survenu ce lundi 19 Juin 2023 sur avenue Murhundu au Quartier Kasali dans la Commune de Kadutu où au moins 5 maisons ont été réduites en cendres, selon Hypocrate Marume, Président Communal de la Société Civile.
Cet incendie vient s’ajouter à une série d’incendies survenus au cours de ce mois de Juin dont le plus ravageur a été celui de « Camp Zaïre » début Juin, emportant au passage au moins 600 maisons. Dans une ville des millions d’habitants et où aucun camion anti-incendie n’est fonctionnel à l’heure actuelle, des jeunes se mobilisent pour tenter d’éteindre le feu, parfois au péril de leur propre vie. Qui sont donc ces « sapeurs-pompiers » malgré eux ? Pourquoi agissent-ils ?
L’expérience de David…
David, 30 ans, se souvient parfaitement bien de la nuit « apocalyptique » du 3 au 4 Juin sur Camp Zaïre quand des familles lancent une alerte au feu. Il vit dans l’entité et connait les dégâts du feu sur « Camp Zaïre » depuis la nuit du 30 Juin 2019. Ce jour-là encore, au moins 250 maisons étaient parties en fumée. Il raconte être sorti de la maison sans chemise pour aller secourir les familles.
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« Parce que je savais qu’il n’y aurait pas d’intervention de l’Etat pour éteindre le feu et qu’avec la promiscuité dans la construction des maisons, les dégâts seront énormes, j’ai donc choisi de me lever et d’agir comme d’habitude. La solidarité est importante dans ce genre des cas parce qu’il faut secourir les voisins et éviter qu’on soit atteint par le feu. Je n’ai aucune formation et je ne suis pas sûr de ne pas périr dans cette cacophonie mais je devais agir».
Finalement, la maison de David sera consumée parmi les six cents autres détruites par le feu. Mais David et des dizaines d’autres jeunes ont agi toute la nuit pour tenter d’avoir raison sur le feu de « Camp Zaïre ». Il est resté tout de même fier d’avoir aidé des enfants, des femmes enceintes, des vieilles et des personnes à mobilité réduite à se mettre à l’abri.
Comme David, des centaines des jeunes de la ville de Bukavu sont les premiers à se jeter à l’eau pour tenter de maitriser le feu dans leurs entités. Des bidons d’eau, du sable, des miroirs…chacun avec des moyens pour venir au secours du voisin.
Ces « sapeurs-pompiers » de circonstance sont animés par un seul souci : aider ceux qui sont dans la détresse alors qu’il n’existe quasiment pas des sapeurs-pompiers professionnels dans la ville.
Une forme de solidarité qui, malheureusement n’est pas reconnue par des nombreux Bukaviens. En premier les autorités qui ne voient pas de nécessité de former des « sapeurs-pompiers communautaires ». Pourtant les quartiers, les avenues ne peuvent compter que sur ceux-là.
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« Nous vivons sur une avenue où, même en cas d’intervention d’un camion anti-incendie, il est pratiquement impossible de l’atteindre mais ces jeunes sont une véritable chance pour nous tous. J’ai eu à sauver mes enfants enfermés dans la maison grâce à eux et leur bravoure et je ne peux pas négliger leur travail. Face à l’irresponsabilité de l’Etat, nous avons développé cet amour et cela est magique. Je considérais avant qu’ils étaient des voleurs mais j’ai carrément changé d’avis après cet épisode», témoigne Marie habitante de l’avenue Pesage 2 ; un site qui a connu également des nombreux incendies dans le passé.
Des héros stigmatisés ?
Même s’il est vrai que dans le contexte de Bukavu, certains jeunes désœuvrés profitent des incendies pour se volatiliser avec les biens des sinistrés de ces catastrophes, il serait ingrat de ne pas mettre les projecteurs sur ces « héros » sans formation ni accompagnement qui parviennent parfois à éviter le pire.
Leur engagement mérite tout autant des fleurs et des hommages soutenus parce que dans une situation de « chacun pour soi », nombreux acceptent le « chacun pour tous » en posant ces gestes d’amour, de solidarité. Un geste positif qu’il faut considérer comme la recherche d’une aiguille dans une botte de foin au siècle actuel.
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« Quand le feu brûle, tu ne vois plus le conflit qui t’oppose au voisin…tu ne connais plus de tribu ni de rang social. Tu ne vois que l’humain, la communauté», rappelle un autre jeune « sapeur-pompier » de Nyamugo.
Une solidarité à développer ?
Ces « sapeurs-pompiers » malgré-eux démontrent que dans un pays où l’Etat prend rarement au sérieux les préoccupations des citoyens, la solidarité peut être une réponse. En effet, comme pour le feu qui embrase nos maisons, il est bien possible de manifester cet amour pour des familles attaquées à la suite de l’insécurité. Ces « héros » oubliés de tous sont un exemple éloquent de la célèbre phrase de Napoléon Bonapartes : «Quand on veut on peut, quand on peut, on doit. ».
Contrairement aux services étatiques, ceux-ci n’attendent pas être payés mais des encouragements et des projecteurs sur leurs gestes héroïques pourraient peut-être pousser à l’engagement de tous.
Vive nos jeunes héros et « sapeurs-pompiers made in Bukavu »!
Un commentaire
De mon côte je jette des fleur pour c jeunes sapeur pompier made in bukavu,nous devon nous prendre en charge car notre Etat est totalement egoiste et ne c souçie que de leurs familles.