Deux semaines après les fortes pluies qui ont entrainé des inondations à Bushushu et Nyamukubi, dans le territoire de Kalehe, la recherche active des corps sous les décombres se poursuit. Dans un rapport publié ce jeudi 18 mai 2023, le Bureau de Coordination humanitaire indique qu’au moins 428 personnes sont mortes dans ces inondations : 402 ont été retrouvées mortes sous les décombres (jusqu’au 17 mai) et 26 autres ont succombé de leurs blessures dans des établissements sanitaires.
Par ailleurs, au moins 197 personnes ont été blessées, parmi lesquelles 107 sont encore sous traitement. La catastrophe a touché des milliers de personnes, dont beaucoup demeurent portées disparues. Environ 3.000 maisons ont été affectées, dont environ 1.200 complétement détruites. Des moyens de subsistance tels que le bétail et les champs en ont également fait les frais.
Au lendemain de la catastrophe, les survivants ont trouvé refuge dans des hôpitaux, écoles, églises et d’autres espaces publiques, certains ont été accueillies dans des familles d’accueil dans des villages non affectées, d’autres se seraient installée dans des sites spontanées.
Les agences des Nations Unies, les ONG nationales et internationales et le Mouvement de la Croix-Rouge poursuivent leurs interventions d’urgence dans les zones touchées, en appui aux autorités provinciales et locales. Cependant, OCHA précise que des actes d’assistance fournis par des individus et des acteurs privés, qui ne respectent pas les normes minimales et la dignité des personnes affectées, ont été signalés à Bushushu le 13 mai.
En réponse à cet incident, le Gouverneur du Sud-Kivu a convoqué une réunion de coordination au cours de laquelle une commission a été mise en place et déployée à Kalehe afin d’appuyer les autorités locales et renforcer la coordination de la réponse en vue de mieux canaliser ces initiatives et protéger les populations affectées.
Poursuite de la recherche des corps et gestion des dépouilles
La Coordinatrice humanitaire adjointe, et la Cheffe de bureau OCHA, se sont rendues à Kalehe le 17 mai pour évaluer la situation et la réponse humanitaire en cours. Elles faisaient partie d’une délégation dirigée par la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo.
L’un des besoins les plus urgents reste la recherche et l’enterrement digne et sécurisé des corps – une action confrontée à des contraintes importantes dont le manque d’outils appropriés pour l’excavation des dépouilles. Les abris et la relocalisation des personnes sinistrées dans des terrains appropriés et sécurisés sont également prioritaires.
Les acteurs humanitaires et les communautés affectés signalent aussi la nécessité de réhabiliter les axes routiers afin d’améliorer l’accès aux villages affectés, dont ceux de la zone de Nyamukubi.
Renforcement de la coordination de la réponse d’urgence à la catastrophe
Santé
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fourni, le 15 mai, deux tonnes de médicaments, comprenait entre autres des kits d’urgence et des kits cholera et de traumatologie, à la zone de santé de Kalehe, pouvant couvrir les besoins d’au moins 10 000 personnes pendant trois mois. L’OMS continue également de soutenir les autorités sanitaires dans la surveillance des maladies à potentiel épidémique dans les villages touchés, notamment en formant les prestataires de soins et relais communautaires à la détection des cas de choléra et de rougeole.
L’ONG International Medical Corps (IMC) a fourni 42 cartons d’équipements de protection individuelle à la zone de santé de Kalehe ; IMC a également installé une clinique mobile à Rambira dans l’aire de santé de Bushushu, le 16 mai, où 278 malades ont été traités. L’organisation assure également la prise en charge psychologique des personnes affectées, ayant déjà reçu 16 survivants et sensibilisé plus de 400 personnes, y compris des prestataires de soins et relais communautaires, aux symptômes des crises mentales. Les ONG Initiative de Développement et d’Accompagnement des Vulnérables (IDAV) et Transcultural Psychosocial Organisation (TPO) appuient également le prise en charge psychologique dans les établissements de soins de santé de Bushushu et Nyamukubi.
Eau, hygiène et assainissement (EHA)/ Articles ménagers essentiels
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a distribué, les 15 et 16 mai, des kits d’urgence EHA à plus de 700 ménages à Bushushu et Nyamukubi, en collaboration avec la Croix rouge et l’ONG Actions et Interventions pour le Développement et l’Encadrement Social (AIDES). Cette distribution, effectuée de porte à porte, comprenait entre autres de seaux et du savon, en vue de lutter contre la propagation du choléra.
Le 17 mai, l’UNICEF et l’ONG World Vision ont commencé la distribution d’articles à plus de 1 800 ménages à Bushushu. Les familles ont reçu, entre autres, des seaux avec robinet pour le lavage des mains, du savon et de comprimés de purification d’eau, des couvertures, et des kits de dignités pour les femmes et filles en âge de procréer. A Nyamukubi, plus de 2 000 ménages reçoivent les mêmes articles fournis par l’UNICEF et AIDES.
Afin d’améliorer l’accès à l’eau potable dans les zones touchées, OXFAM et UNICEF, en collaboration avec AIDES, ont aménagé trois stations d’eau à Nyamukubi et Bushushu. UNICEF, la Croix Rouge et AIDES ont également installé 20 points de chloration d’eau dans les zones affectées permettant de traiter plus de 143 000 litres d’eau depuis le 10 mai.
Oxfam a réhabilité, le 16 mai, l’adduction d’eau qui alimente Bushushu et fourni 2500 pièces de purification d’eau (Aquatabs) au Centre de santé de Nyamukubi.
Sécurité alimentaire
En collaboration avec World Vision, le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) a entamé, le 16 mai, la distribution d’environ 7,3 tonnes d’aliments, notamment de biscuits énergétiques à plus de 3 600 ménages à Nyamukubi. Plus de 2 600 autres avaient reçu de cette assistance à Bushushu du 10 au 16 mai. A ces interventions s’ajoute la distribution des vivres offerts par le Gouvernement congolais et des acteurs privés, sous la supervision des autorités locales et l’appui technique et logistique de l’ONG World Vision.
Abris
L’ONG Programme d’Encadrement pour le Développement Intégral (PEDI) a lancé, le 11 mai, la construction de 250 abris d’urgence dans le site de Changuhe à Bushushu pour les personnes sinistrées qui sont actuellement hébergées dans des espaces publiques. Environ 4 000 ménages sont sans abri à la suite des inondations, et les besoins en abris d’urgence pour 3 800 d’entre elles restent non-couverts. Cependant, la relocalisation définitive de toutes ces personnes reste la solution appropriée à ce besoin.
Protection de l’enfance
Les ONG Action Communautaire d’Appui au Développement (ACAD) et Action pour la Promotion de l’Environnement Social (APES) ont installé quatre Espaces Amis des Enfants (EAE) à Bushushu et Nyamukubi depuis le 15 mai où au moins 1 000 à 1 200 enfants y sont accueillis par jour, dont plus de 700 bénéficient de la distribution de nourriture par l’ONG Focus Droits et Accès (FDA). Dix points d’écoute ont été installés dans ces espaces afin d’assurer la prise en charge et le suivi psychologique des enfants. L’identification des enfants non accompagnés et séparés, et des orphelins se poursuit dans les villages touchés.
Education
Au moins 33 écoles ont été touchées, dont cinq ont été complètement détruites, privant plus de 9 300 élèves d’accès à l’éducation ; environ 95% de ces élèves auraient perdu leurs fournitures scolaires ; au moins 975 élèves et 12 membres du personnel éducatif dont des enseignants sont décédés ou portés disparus jusqu’à présent, selon les autorités locales. Les besoins prioritaires sont, entre autres, la mise en place des espaces d’apprentissage et l’approvisionnement en équipement pour les salles de classes, les kits didactiques ainsi que l’appui psychosocial et psychopédagogique afin de permettre la reprise des cours pour ces élèves, dont plus 1 660 risques de rater les examens de fins d’étude.
Coordination
Le Coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo, a alloué 3 millions de dollars américains du Fonds Humanitaire pour renforcer les opérations en cours dans les domaines prioritaires de l’accès à l’eau et aux services d’hygiène, la santé, les abris et les articles ménagers, la sécuritaire alimentaire et la protection de l’enfance.
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