Le Dr. Denis Mukwege donne pour responsable de la misère que vit la population congolaise, la cupidité des politiciens qui se servent des deniers pour leur enrichissement personnel au lieu de promouvoir le bien collectif. Il a fait parler son ras-le-bol lors d’une conférence qu’il animait à Bukavu, ce dimanche 22 janvier 2023, en faveur des jeunes chrétiens de la ville.
C’était en face de près d’une dizaine de milliers de jeunes issus différentes congrégations chrétiennes de la ville de Bukavu, réunis dans l’enceinte de la 8e CEPAC Sayuni Kadutu, que le Prix Nobel de la Paix a donné sa perception de la gestion politique de la République Démocratique du Congo.
Invité à édifier l’assemblée « le rôle de la jeunesse chrétienne dans une nation en péril », le Dr. Denis Mukwege a listé, parmi les actions favorisant le manque de développement de la jeunesse, le comportement égoïste du politique congolais.
Pour le médecin de Panzi, les potentialités que regorge le Congo sont susceptibles de relever la population de sa misère, mais leur répartition est inéquitable et particulièrement favorable à la classe dirigeante.
« Le pays a produit des millionnaires en quelques années dans une catégorie alors que la majorité de la société congolaise vit dans une situation de misère totale » a signifié le gynécologue.
Pour le Dr Denis Mukwege, il faudrait que les gouvernants comprennent la différence entre « gouverner » et « piller »
«Nous sommes dans un système de prédation, depuis 60 ans, au lieu d’être dans un système de gouvernance. Et moi je pense que pour changer ça, il faut absolument qu’il y ait une révolution démocratique,» insiste-t-il.
S’exprimant devant une assemblée essentiellement chrétienne, le Dr. Denis Mukwege n’a pas manqué de relever la responsabilité passive de la jeunesse chrétienne dans la perpétuation de la misère dont elle est victime. Si on l’en croit, au-delà de son engagement spirituel, le jeune chrétien ne doit pas rester indifférent vis-à-vis de la situation de péril que connait la nation.
S’inspirant des prescrits de la sainte bible, le lauréat du Prix Nobel de la Paix a exhorté ses auditeurs à s’employer à connaitre et à exercer ses droits, selon qu’ils sont relatés dans diverses lois du pays. Citant diverses dispositions constitutionnelles, le surnommé « l’homme qui répare les femmes » a indiqué des droits dont la jeunesse ne jouit pas et qu’elle ne revendique pas, alors qu’ils reviennent clairement dans la loi fondamentale du pays. Il a cité entre autre l’accès à l’éduction, à la santé et à la sécurité alimentaire, ainsi que le droit à un travail et à un logement décents.
Par ailleurs, le Dr Denis Mukwege a appelé les jeunes chrétiens à faire judicieusement leur choix dans le futur, quand ils seront appelés à voter pour des nouveaux dirigeants. Pasteur pentecôtiste de son état, il s’est inspiré d’un exemple biblique pour appeler son auditoire à ne pas hypothéquer leurs voix contre des petites sommes d’argent pendant la période électorale.
« Ne soyez pas comme Saül qui a hypothéqué son héritage contre de la soupe ! A la fin, il a pris la soupe mais c’est Jacob qui est parti avec toute la richesse », a-t-il soutenu.
Notons que le Dr. Denis Mukwege fait l’objet de sollicitation de diverses structures citoyennes, qui souhaitent le voir briguer la magistrature suprême en cette année 2023. Dans la mesure où il réservait un feedback positif à cette demande, qui ne cesse de prendre de l’ampleur, il y a lieu de croire que l’initiateur de la Fondation Panzi a déjà un diagnostic sommaire du mal à combattre pour placer à la RDC sur les rails du développement.
John Achiza