Membre de la famille royale britannique, la Comtesse de Wessex, Sophie Rhys-Jones séjourne à Bukavu au Sud-Kivu, à l’Est de la RDC. Ce mardi 4 octobre, l’épouse du prince Edward de Wessex, le quatrième et dernier enfant de la reine Élisabeth, s’est rendue à l’hôpital de Panzi et à la Fondation Panzi du Dr Denis Mukwege, pour palper du doigt la réalité des femmes survivantes des violences sexuelles.
Accompagnée de Lord Ahmad, Ministre d’État et Représentant de la Première ministre britannique pour la prévention des violences sexuelles dans les conflits, et de l’ambassadrice du Royaume-Uni en RDC, Sophie de Wessex apporté un message de réconfort à ces survivantes, et a rassuré de l’accompagnement du Gouvernement britannique, dans la lutte contre les violences sexuelles qui écument l’Est de la RDC.
Après visite auprès des survivantes des violences sexuelles prises en charge à l’hôpital de Panzi, Lord Ahmad a, au nom de la délégation britannique, salué le travail fait par le Dr Mukwege et son équipe.
Celui-ci dit condamner les atrocités commises sur les femmes en RDC, réaffirmant l’engament du Royaume-Uni à œuvrer aux côtés du Prix Nobel de la Paix 2018, le Dr Denis Mukwege, afin de continuer à porter haut la voix des victimes des violences sexuelles pour que justice leur soit rendu, et que leurs bourreaux soient punis.
«C’est un plaisir pour moi et pour son altesse d’être ici aujourd’hui. Nous remercions énormément le Dr Mukwege pour le travail qu’il fait pour l’humanité. Il est une inspiration pour des générations et pour le monde entier. C’est avec une grande humilité que je suis ici à l’hôpital de Panzi. Et cette relation qu’il y a entre le Dr Mukwege et la grande Bretagne existe depuis 10 ans déjà. L’importance de cette relation n’est pas seulement de construire ou appuyer l’hôpital mais aussi c’est pour nous rassurer que partout au monde et en RDC en particulier nous luttons contre les violences sexuelles et les toutes les atrocités. Je suis fier d’avoir travaillé avec le Dr Mukwege sur le Fond Global de Réparation et je suis sûr que nous allons continuer parce que ces survivantes des violences sexuelles sont des courageuses et nous ne devons pas les abandonner. Nous devons donc jouer notre rôle et les aider à reconstruire leurs vies. Et c’est important que ces étapes soient prises de manière sérieuse. Ce qui est important c’est de nous rassurer que ce travail continu. Le Royaume Uni va organiser bientôt une conférence internationale pour attirer le monde sur cette question aussi capitale. Attirer le monde que les questions des violences sexuelles sont encore d’actualité en RDC et dans le monde entier. Nous allons continuer sur l’engagement de travailler ensemble pour nous rassurer que les auteurs des violences et crimes que connait la RDC ne restent pas impunis. A vous Dr Mukwege et votre équipe, vous n’êtes pas seuls,» a rassuré Lord Ahmad.
« Soulager les blessures des survivantes »
De son côté, le Médecin Directeur de l’hôpital de Panzi, le Dr Denis Mukwege a exprimé sa gratitude envers la Comtesse de Wessex et toute sa délégation. Il a salué cette visite rendue aux victimes des violences sexuelles de son hôpital, qui selon lui, contribue au soulagement de leurs blessures.
«C’est un grand honneur de vous recevoir aujourd’hui à Panzi. Votre présence nous rend tellement heureux. Son altesse a surmonté tant d’obstacles pour être avec nous. L’an dernier, elle n’a pas pu venir ici à Bukavu à la suite d’un empêchement lié à moi-même. Il y a à peine un mois cette visite a failli être reportée suite au décès de sa belle-mère, la Reine Elizabeth II, dont la mémoire nous est chère. Si cette visite enfin a eu lieu au grand bonheur des survivantes des violences sexuelles, de nos malades et de notre personnel, c’est essentiellement grâce à la grande détermination de son altesse, son élan de cœur et surtout sa volonté tenace de compatir avec les victimes des violences sexuelles ici à Panzi et de contribuer au soulagement de leurs blessures, qui sont autant physiques que psychologiques,» a laissé entendre le Dr Denis Mukwege.
Le Prix Nobel de la Paix a exprimé son indignation face aux guerres atroces et les conflits récurrents en RDC, qui dit-il, ont transformé les corps des femmes en « champ de bataille » depuis plus de 25 ans.
« C’est un drame pour nos populations. Lorsque vous détruisez la femme, vous détruisez le tissu social, vous détruisez toute la capacité économique et malheureusement, c’est surtout les enfants qui en pâtissent le plus. Parmi les victimes que son altesse a rencontré aujourd’hui, certaines ont été violées à peine quelques mois, d’autres l’ont été pour la seconde fois. Nous avons des femmes que nous avons pu opérer plusieurs fois, parce que les blessures sont telles qu’elles restent ici pendant longtemps pour leur prise en charge. Tout ça, ravive les blessures enfuient derrière les visages résiliant que vous avez pu voir. Ce sont des femmes qui vous applaudissent et qui continuent à vous sourire malgré les traumatismes qu’elles ont subies. Et le comble de la tragédie est que nous avons même soigné des enfants issus des viols. La plus jeune que nous avons dans le service a 4 ans. Elle attend son opération car il fallait la soigner pendant plus de deux mois. Et on se rend compte que ces victimes qui sont rejetées par leurs familles deviennent doublement victimes » s’est-il indigné.
Le Dr Mukwege a soutenu que la présence de son altesse royale, Sophie de Wessex, aux côtés des victimes des violences sexuelles insuffle tout simplement l’espoir dans les cœurs des populations de la RDC.
« C’est un message fort envers les victimes qui leur dit qu’elles ne sont pas oubliées. C’est également un puissant message qui dit aux bourreaux que les crimes ne resteront pas indéfiniment impunis » a-t-il soutenu.
Il sied de signaler que cette visite de la comtesse de Wessex est une première pour la famille royale britannique, qui n’avait encore jamais mis les pieds en RDC. Prévue depuis une longue date, elle permet à Sophie de Wessex de préparer la Conférence internationale sur la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, qui sera organisée en novembre à Londres. La conférence réunira des responsables étrangers, des groupes internationaux, des communautés religieuses et des survivants de violences sexuelles.
Bertin Bulonza