Le Groupe scolaire dénommé Denis Mukwege a été inauguré ce mardi 13 septembre dans la ville de Melun, en France. C’était en présence des autorités françaises et du Dr Denis Mukwege qui a été invité à prendre part à la cérémonie d’inauguration.
Lors de la cérémonie d’inauguration, le prix Nobel congolais s’est dit très touché que son nom soit désormais associé à ce Groupe scolaire, au sein du nouveau éco-quartier de la Ville de Melun, dont les élus et les habitants lui sont si proches, et dont la communauté congolaise est la plus importante.
«Votre mobilisation d’aujourd’hui et le fait de dénommer ce nouveau groupe scolaire à la pointe des normes environnementales « Denis Mukwege » illustre avant tout une relation privilégiée qui s’est nouée au fil du temps, grâce notamment à l’engagement solidaire et à l’esprit d’ouverture des élus. Je pense bien évidemment au Maire de la Ville, M. Louis Vogel, qui m’avait décerné la médaille d’honneur de la Ville en 2016, mais aussi au dynamisme et à l’engagement de l’adjointe du Maire, Mme Brigitte Texier, qui est en relation constante avec nos équipes à l’Hôpital de Panzi depuis environ 7 ans. Je pense aussi à l’activisme de mes compatriotes au sein de l’Association Etoile flamboyante, dont je salue la présence parmi nous aujourd’hui. Venant d’un milieu modeste, j’ai toujours été très reconnaissant à mes parents de m’avoir permis d’aller à l’école, et de poursuivre des études pour que je puisse réaliser un projet né alors que je n’avais que 8 ans : celui de devenir médecin,» a déclaré Denis Mukwege.
Pour lui, l’accès à l’éducation est une chance mais aussi un droit fondamental, et dont les parents ont un rôle de premier plan dans le développement de leurs enfants et le transfert de valeurs.
«En effet, l’éducation est non seulement un tremplin pour entrer dans la vie adulte et le monde professionnel, mais est avant tout un moyen pour pouvoir exercer et jouir de ses droits humains : civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Je ne doute pas que ce sera le cas pour les 280 élèves melunais qui ont entamé leur rentrée scolaire ce 1er septembre dans des conditions optimales. Cette chance, cette opportunité, il faut la saisir, il faut la cultiver et l’exercer en pleine conscience. Car si chaque enfant y a droit et que le niveau de scolarisation a nettement progressé globalement, cette situation est loin d’être répartie de manière homogène entre les pays riches et les pays pauvres, mais aussi entre les plus privilégiés et les plus démunis au sein même des Etats : de profondes inégalités persistent dans l’accès à l’éducation et selon l’Unesco, plus de 40 % des enfants non scolarisés vivent en Afrique subsaharienne. C’est notamment le cas également dans mon pays, la République démocratique du Congo, qui compte environ 5,9 millions d’enfants et de jeunes non scolarisés, une nouvelle génération sacrifiée minant les potentialités de notre jeunesse et mettant à mal le relèvement du pays après un quart de siècle de conflits à répétition,» a fait observer le Prix Nobel de la Paix.
Celui-ci espère que ce nouveau groupe scolaire accompagnera ces élèves dans un enseignement porté par les valeurs de la République, et contribuera à l’émergence d’une nouvelle génération d’élèves portés par un esprit de coopération et une culture de paix et des droits humains.
«J’invite les enseignants et les parents à tout faire pour favoriser dès la maternelle l’émergence d’une « Génération Egalité » entre les jeunes filles et les garçons, et à ne pas reproduire les schémas de la masculinité toxique, caractéristique du patriarcat qui occasionne tant d’abus, de discrimination et de violences, en temps de guerre mais aussi en temps de paix. En baptisant ce groupe scolaire de mon nom, vous manifestez votre choix de vous mobiliser contre les violences faites aux femmes et contre les inégalités femmes-hommes, vous allumez cette flamme, vous vous engagez dans un combat pour le respect des droits humains, pour la justice et pour la paix,» a-t-il soutenu.
Celui-ci souhaite que cet établissement aide à construire un monde à l’abri de la violence, où chaque enfant développe ses potentialités pour le bien de tous et pour construire un monde meilleur, « où chaque personne, quelque que soit sa nationalité, sa couleur ou sa religion jouira du droit à la protection, à la participation, au développement et à la paix ».
« Ce rêve est possible. Chacun de nous peut contribuer à le transformer en réalité,» a-t-il indiqué.
Il sied de signaler que cette école est située à Melun (dans le département de Seine-et-Marne en région Île-de-France), à proximité de la future place Nelson Mandela. Le chantier de cet établissement scolaire logé au sein de l’écoquartier Woodi, a débuté au mois de mars 2021. L’école est composée d’une crèche, d’écoles maternelle et élémentaire, ainsi que d’un restaurant.
Bertin Bulonza