Mme Majda Flihi est la nouvelle Cheffe de la sous-délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) au Sud-Kivu et au Maniema, à l’Est de la RDC. Elle remplace Stijn Houben, qui a passé un an et demi à ce poste.
L’information a été annoncée ce lundi 20 juin 2022 lors d’une conférence de presse à l’occasion de la fin de mission de M. Stijn Houben, à Bukavu au Sud-Kivu. C’est Gahoussou Yeo, le nouveau chef adjoint de la sous-délégation, qui a représenté Mme Majda Flihi à cette conférence.
Dans son adresse, le Chef sortant de la sous-délégation du CICR, Stijn Houben a fait le bilan de sa mission de 19 mois dans ces deux provinces de l’Est. Il parle des réalisations et des défis, dans un contexte caractérisé par des violences contre les populations civiles, et l’amplification des affrontements dans les territoires de Fizi, Kalehe et d’Uvira au Sud-Kivu, ainsi que le territoire de Kabambare au Maniema.
«La situation qui prévaut dans la région est extrêmement complexe et constamment changeante. Le CICR cherche toujours à s’adapter à ces nouvelles dynamiques de violences afin de répondre aux besoins urgents qui émergent de cette partie de la RDC difficilement accessible. Notre dialogue établi et constructif avec toutes les parties aux conflits, l’acceptation et la compréhension de notre mandat et de notre rôle d’intermédiaire neutre nous permettent de négocier et d’obtenir l’accès humanitaire aux communautés touchées par les violences et conflits armés depuis plus de 25 ans. Nos priorités sont restées les mêmes : travailler en faveur des personnes déplacées internes, des retournés, des personnes blessées, des malades, des victimes de violences sexuelles, ainsi que des personnes privées de liberté, toujours en lien avec les conflits et les violences,» a-t-il fait savoir.
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Pour Stijn Houben, la sécurité du personnel humanitaire, et l’accès aux populations affectées par les conflits armés et les violences, restent d’autres défis majeurs pour le CICR. Il appelle à la poursuite de la promotion des règles du DIH pour renforcer la sécurité des civils pendant les affrontements armés.
«Dans le but de prévenir les exactions contre les populations civiles, les mineurs, les femmes, les adultes vulnérables, les blessés, les malades et les personnes privées de liberté, nous promouvons le droit international humanitaire (DIH) et les principes humanitaires auprès des porteurs d’armes et leur rappelons leurs obligations et responsabilités relatives à la protection des personnes qui ne font pas ou ne font plus partie des combats. Ce dialogue se fait de manière bilatérale et confidentielle avec chacun des acteurs armés. Chaque jour, le CICR au Sud-Kivu et Maniema continue à dialoguer avec les porteurs d’armes afin qu’ils respectent la population civile et ne la prennent pas pour cible. Nous sommes néanmoins convaincus que c’est en continuant à promouvoir les règles fondamentales du droit international humanitaire et en insistant sur la nécessité de les respecter que nous ferons évoluer les comportements,» indique-t-il.
Le Chef sortant de la sous-délégation affirme que les violences, dont les violences sexuelles, font partie des problématiques majeures au Sud-Kivu. Selon lui, c’est pour cela que le CICR soutient différentes structures médicales pour les aider.
«En 2021, 830 personnes victimes de violences, dont plus de 573 victimes de violences sexuelles ont reçu un soutien psychologique dans les maisons d’écoute soutenues par le CICR au Sud-Kivu,» explique Stijn Houben. Et d’ajouter : « Nos activités dans le domaine de la santé comprennent également le travail en faveur des personnes en situation de mobilité réduite. Au Sud-Kivu, nous travaillons en collaboration avec le Centre Heri Kwetu à Bukavu et le centre Béthanie d’Uvira. Depuis 2021, 968 personnes en situation de mobilité réduite ont bénéficié des services de réadaptation physique, et 678 personnes ont reçu un appareillage orthopédique approprié à leurs besoins.»
Note de satisfaction
Stijn Houben indique que durant ces 19 derniers mois, le CICR a étendu ses zones d’action pour apporter assistance et protection dans de nouveaux villages affectés par les conflits armés, et où il y a très peu d’acteurs humanitaires.
C’est notamment dans le sud du territoire de Kabambare, dans le Ziralo [Kalehe], mais aussi dans les Moyens et les Hauts Plateaux d’Uvira, où le CICR a installé deux antennes.
«De nouveaux projets sont aussi en cours de mise en œuvre, comme l’ouverture d’une académie spécialisée dans la chirurgie de guerre à l’HPGRB, un projet pilote dans le monde qui est lancé ici à Bukavu pour former des spécialistes. Avec l’installation de la Croix-Rouge Française et de la Croix-Rouge Luxembourgeoise au Sud-Kivu, le Mouvement de la Croix-Rouge étend sa présence, multiplie et diversifie ses réponses en faveur des communautés touchées par les conflits. Nous continuons aussi à appuyer la Croix-Rouge de la RDC en créant des synergies et des partenariats qui renforcent notre action commune. Pour exemple, nous avons conjointement lancé en mars 2022 à Salamabila le projet de moto-ambulance pour renforcer les capacités en premiers secours des volontaires Croix-Rouge,» a-t-il déclaré.
Celui-ci dit être content du travail réalisé, même s’il reconnait que beaucoup reste à faire dans cette région pleine de ressources, « mais si injustement touchée par les conflits chroniques dont souffrent en priorité les populations civiles». «Je voudrais dire aux congolais de ne jamais abandonner leur admirable capacité de résilience. Mon souhait le plus cher est que les congolais connaissent enfin une paix durable,» insiste-t-il.
Museza Cikuru