Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix a encore haussé le ton face aux exactions du groupe armé M23 soutenu par le Rwanda dans le Nord-Kivu. L’agresseur c’est le Rwanda a-t-il répété.
Dans une conférence de presse avant l’arrivée du roi Philippe et son épouse, le Médecin Directeur de l’Hôpital de Panzi a dénoncé une « agression » du Rwanda à travers le M23.
« La visite du couple royal Belge et de son importante délégation se tient au moment où, non loin d’ici dans le Nord-Kivu les bruits des bottes du groupe armé M23 soutenu par le Rwanda réveillent des tourments de notre population dont les trois dernières décennies ont été jalonnées des massacres terribles, des déplacements massifs des populations, mais également le viol et violences de toute sorte », dit-il d’emblée.
Denis Mukwege rappelle que le monde connait les tragédies de cette région « qui ont été finement répertoriées dans le rapport mapping des Nations unies »
« Tout au long de notre calvaire, notre population a survécu grâce à sa force de résilience mais également grâce à la solidarité des pays et des peuples amis… ».
Comment la Belgique peut-elle aider à mettre fin à la situation ?
La Belgique est un pays important pour la République Démocratique du Congo et dans l’Union Européenne. Pour Denis Mukwege, son implication peut mettre fin à cette souffrance.
« Parce que nous partageons tous une histoire, la Belgique a un rôle important à jouer dans la violence qui sévit dans la région d’autant plus que l’agression de la RDC par le Rwanda n’est pas une nouvelle chose. On ne peut pas dire qu’on ne sait pas que c’est le Rwanda qui soutient le M23. Le M23 n’est pas un mouvement spontané ».
Un appel téléphonique nous a donné la paix pendant dix ans
En 2012, rappelle le Docteur Mukwege, le Rwanda, avait, par la pression des Etats-Unis, rappelé ses troupes camouflés dans les M23.
« Le Président des Etats-Unis avait demandé publiquement au Rwanda d’arrêter et une semaine après ce mouvement s’est replié au Rwanda. Cet appel téléphonique nous a donné la paix pendant 10 ans. 10 ans plus tard, le mouvement a repris et c’est de quelque part. Il ne faut plus continuer à faire la spéculation de qui agresse qui, l’agresseur est connu, il faut le nommer et la Belgique peut… »
Il pense qu’avec les sanctions, il est également possible de faire réfléchir les agresseurs.
Comme pour l’Ukraine, il faut se mobiliser contre l’agresseur de la RDC
La souffrance congolaise doit être traitée de la même façon à l’instar de la mobilisation en faveur de l’Ukraine attaquée par la Russie, plaide Denis Mukwege.
« Il peut paraître scandaleux, mais je pense que le monde ne va plus continuer à se taire. Quand je vois la réaction du monde par rapport à l’agression de l’Ukraine, des milliards des dollars qui sont versés pour lui soutenir dans cette guerre. On ne doit plus continuer à fermer les yeux sur les millions de morts en RDC et continuer à considérer que nous vivons sur la même planète…. C’est impossible. L’agression du Congo aujourd’hui n’est pas différente de celle de l’Ukraine…Cette politique de deux poids deux mesures ne doit plus continuer. Ça exaspère les jeunes qui se trouvent dans une situation où ils ont l’impression que nous sommes dans un humanisme à géométrie variable…Je crois que les congolais, ce qu’ils demandent, c’est d’être traités comme tous les autres ».
A la fin, il dénonce le fait qu’un leader ayant commis les mêmes atrocités que ceux sanctionnés par la Communauté internationale soit applaudi et que le tapis rouge lui soit déroulé. « Il faut arrêter ce sentiment de discrimination que ressentent les congolais ».