24 janvier 2018 – 24 janvier 2022, cela fait exactement 3 ans depuis que Félix Tshisekedi a été investi Président de la République Démocratique du Congo. Dans son discours, le successeur de Joseph Kabila avait juré de n’œuvrer que pour l’amélioration du social du peuple congolais, la libération de tous les prisonniers politiques, le rétablissement de l’autorité de l’Etat, la lutte contre la corruption et l’impunité, ainsi que la pacification territoire national par l’éradication des groupes armés.
En ce qui concerne l’amélioration du social des congolais, celui qui est devenu le cinquième Président de la RDC avait dit vouloir centrer son action sur la lutte contre la pauvreté, la création d’emplois en faveur des jeunes, la promotion du développement du tourisme et l’accessibilité des citoyens à tous les services de l’Etat.
Trois ans après, laprunellerdc.cd a interrogé quelques habitants de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, pour savoir leurs avis sur ce qu’est devenu le social des congolais, par rapport aux promesses de Félix Tshisekedi. A-t-il répondu ou non aux attentes de la population ? Qu’y a-t-il à faire pour les deux ans qui restent du quinquennat de Félix Tshisekedi ?
«Le pays a régressé»
Pour Janvier Chirhusa, acteur de développement, les trois ans de Tshisekedi n’ont pas contribué à l’amélioration des conditions des congolais. Il parle plutôt de trois ans de régression du pays, compte tenu du niveau de la pauvreté que connaissent les congolais.
Janvier Cirhuza n’a visiblement pas d’espoir de voir les choses changer pendant les deux ans restants, compte tenu des engins électoraux en vue.
«Un président fait mieux pendant la première phase de son mandat. L’espoir n’est plus permis pour les congolais pour ce gouvernement. Et si espoir y aura, c’est pour un autre mandat, pas celui-ci. Les deux ans qui restent pour tout acteur politique sont réservées à la campagne électorale. Les affaires de reconstruction du pays, ça devrait être fait dans la première phase du mandat et non pas pendant les deux ans restants. S’il arrivait à ne maintenir ne fut-ce que le niveau de son prédécesseur, peut être ça irait mieux. Mais il est allé en dessous de son prédécesseur. Quel espoir peut avoir le congolais ? Actuellement pour parler du relèvement, il faudra que Félix Tshisekedi nous ramène là où Kabila nous a laissé, parce que pendant ses trois ans, nous n’avons fait que reculer,» a laissé entendre M. Cirhuza.
UDPS: 3 ans de pouvoir de « manipulation, corruption et violations des droits de l’homme » (Barnabé Kikaya) https://t.co/h2QO4V7VIa https://t.co/fdogo7JdZs
— LAPRUNELLERDC.CD (@laprunellerdc) January 24, 2022
«La situation est devenue très compliquée»
Come Janvier Cirhuza, Eric Mutembezi, acteur politique, parle d’un bilan mitigé pour le Président de la République sur le plan social. Celui-ci évoque le problème du chômage des jeunes, et la paupérisation du peuple congolais.
Néanmoins, Eric Mutembezi garde son optimisme sur les deux ans restants. Pour lui, l’espoir est permis.
«Concrètement on peut constater à partir du Sud-Kivu que trois ans après, l’insécurité n’a pas dit son dernier mot. Les cas d’attaques, assassinats ici et là, nuits comme les jours, on sent qu’à ce niveau le bilan reste mitigé. S’il faut parler par exemple des infrastructures, ici à Bukavu à part les quelques kilomètres de routes réalisés dans le cadre de 100 jours, rien autre n’a été fait. Aucun territoire n’a été rallié à l’autre. A Kalehe, Mwenga, Shabunda, Fizi et autres territoires, aucun projet de construction n’a été initié. Parlant de l’enseignement, à un moment ils nous ont parlé de la gratuité, mais aujourd’hui il suffit de voir comment les écoles perçoivent l’argent. Aujourd’hui la situation est devenue très compliquée. Le panier de la ménagère est resté le même. Le taux de chômage, les jeunes sont toujours sans emplois. On sent que le rêve n’a pas été atteint jusque-là, mais nous pensons que les deux ans qui nous restent, avec la détermination du commandant suprême, ça peut encore aller,» a soutenu cet acteur politique.
«On le sent beaucoup plus dans les voyages»
Benjamin Muzusa, diplômé d’une université de la place avec deux ans de chômage, refuse lui de croire qu’il y a eu alternance en RDC. Pour lui, Tshisekedi égal Kabila.
Benjamin Muzusa demande aux gouvernants de revenir à la raison. Celui-ci pense que si le Président de la République, qui selon lui a concentré son action dans les guéguerres politiques, se concentrait sur le social de sa population, le changement peut être opéré.
«On ne sait pas dire si réellement il y a une différence entre Tshisekedi et Kabila. D’ailleurs actuellement nous jeunes nous sommes devenus de plus en plus minables. Le chômage que nous traversons et la mendicité à laquelle nous sommes exposés nous laissent sans espoir. On a comme impression que notre président n’a pas de temps pour le social. On le sent beaucoup plus dans les voyages et les guéguerres politiques au lieu de s’occuper de sa population. Je crois que si le président se concentrait pendant ces deux ans sur le social du peuple, il peut y avoir un changement,» a-t-il martelé.
«Les fonctionnaires vivent dans la précarité»
Mme Georgette, enseignante [Nouvelle Unité] depuis 4 ans, que nous avons rencontrée devant le bureau de la Direction provinciale du SECOPE pour le suivi de son dossier, ne parle pas non plus d’un quelconque changement depuis l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir.
Pour elle, l’amélioration du social passe par une bonne prise en charge des fonctionnaires.
«On ne peut pas parler de l’amélioration pendant que les gens ne sont pas payés. On ne peut pas parler du social alors que les fonctionnaires ne sont pas payés. Qui veut dire social veut dire l’accès aux soins de santé. Ici chez nous on n’a pas la facilité d’accéder aux soins, les fonctionnaires vivent dans la précarité et donc moi je ne vois pas le changement. Tout ce que je peux demander au Président de la République pour ses deux années qui lui restent, c’est d’avoir le cœur d’un parent. Un parent ne laisse pas ses enfants souffrir,» pense cette enseignante, qui insiste sur une meilleure prise en charge des agents et fonctionnaires.
Certaines autres personnes rencontrées ont toutefois salué les quelques efforts déjà fournis par le Président de la République pendant les trois ans passés à la tête du pays. D’autres ont réaffirmé leur souci de voir la concrétisation, par Félix Tshisekedi, de ses promesses visant à améliorer les conditions de vie des congolais.
Bertin Bulonza