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Comment en est-on arrivé là ? C’est la principale question dans le chef des habitants du Sud-Kivu alors qu’ils observent des spectacles désolant qui mettent à mal la démocratie à chaque action parlementaire contre le Gouverneur et/ou son gouvernement au Sud-Kivu 

En effet, la situation est cette fois explosive. Le Gouvernement provincial est encore une fois visé par une motion de censure, déjà transmise au Gouverneur Ngwabidje ne se laisse pas pour vaincu : il multiplie des actions pour empêcher l’action des parlementaires en lieu et place de préparer sa défense.

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Policiers déployés aux alentours de l’Assemblée Provinciale, mobilisations des agents et cadres de la commune d’Ibanda, mandataire et d’autres soutiens de l’AFDC de Bahati Lukwebo, tous les coups sont permis pour sauver sa peau.

Déjà dans la soirée de ce mardi 30 décembre 2021, la garde commise à la protection du Président de l’organe délibérant a tout simplement été retirée. Des membres de la Cellule de Communication de Ngwabidje ne cachent pas ouvertement sur les réseaux sociaux la détermination de leur boss à en faire plus.

En tout cas, l’heure est aux insultes, aux attaques personnelles contre tous ceux qui disent soutenir l’action des députés provinciaux. C’est d’ailleurs la règle depuis leur nomination.

Ce mercredi matin, toute l’Assemblée Provinciale est quadrillée. Des policiers partout pour empêcher que les députés ne se réunissent.

C’est désormais Nyamoma qui choisit qui devra fouler son pied dans les enceintes de l’Assemblée Provinciale. Ce sera tous sauf Zacharie Lwamira, Jérémie Basimane et Georges Musongela, dit-on de ce côté prétextant que ceux-ci ont été invalidés par la justice et qu’ils ne peuvent plus être des députés provinciaux.

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Zacharie Lwamira est le Président de l’organe délibérant. L’enjeu reste celui de l’écarter à venir présider la séance qui décide sur le départ ou le maintien en fonction du Gouverneur et de son Gouvernement.

Cette manœuvre revient à chaque action de l’Assemblée Provinciale contre l’Exécutif.

Sur ce point, le Gouverneur peut, visiblement compter sur le Commissaire de la Police au Sud-Kivu et le Procureur Général.

Au Cabinet du Gouverneur, la purge a commencé depuis quelques jours. Tous ceux qui sont soupçonnés d’être proches de certains députés provinciaux signataires ou soutenant la motion sont simplement et purement remerciés verbalement.

La mesure a atteint plusieurs cabinets ministériels du Sud-Kivu jusque ce mardi. Des éléments de la Police Nationale Congolaise sont venus récupérer plusieurs personnes à leurs postes de travail.

Pour l’instant, c’est l’incertitude et les députés alertent sur une situation d’insécurité qu’ils traversent jusque-là depuis l’annonce de la motion de censure.

A Kinshasa, Modeste Bahati Lukwebo et son AFDC restent à la manœuvre. Nombreux notent que son parti ne s’est pas encore rassuré que le remplaçant de Théo Ngwabidje Kasi viendra du même parti politique.

D’où une mobilisation tous azimuts contre l’examen de cette motion de censure par son parti politique. L’AFDC appelle d’ailleurs les députés membres de son parti à ne pas siéger ce jeudi.

Théo Ngwabidje peut aussi compter sur le silence de Kinshasa. Kinshasa occupé à régler d’autres dossiers que la situation d’intolérance et d’instabilité devenue chronique dans le Sud-Kivu. 

Dans son entourage on est confiant : il a la confiance de plus hauts dirigeants de l’UDPS, le parti présidentiel qui ne veulent surtout pas que la province « tombe » entre les mains de l’UNC de Vital Kamerhe, l’ancien Directeur de Cabinet de Tshisekedi, devenu une « bête à abattre » que ce soit à l’UDPS qu’à l’AFDC. 

Faudra-t-il donc totalement sacrifier la démocratie en province du Sud-Kivu sur base des petits calculs politiques ? Pourquoi élire les députés provinciaux s’ils ne peuvent désormais pas tabler sur la gestion d’une province qui peine toujours à décoller malgré tous les discours et toutes les promesses ?

Alors qu’on évoque des probables graves détournements des fonds publics dans la province, la puissante Inspection Générale des Finances (sous l’autorité du Président Tshisekedi) fait la sourde oreille. Elle fait des contrôles partout sauf chez Théo Ngwabidje et Zacharie Lwamira.

Que font donc les dirigeants au niveau national pour tenter de résoudre ce problème criant de gestion qui colle le Sud-Kivu ?

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En tout cas, la démocratie est enterrée et c’est désormais la loi du plus fort. La question reste, jusqu’à quand ? 

Quel est le rôle des citoyens? Observer? Laisser faire? Subir? La Province du Sud-Kivu ne mérite-t-elle pas autre chose? Il est temps que chacun s’interroge sur son rôle pour arrêter pareils agissements risquent d’enterrer définitivement ce semblant de démocratie acquis au prix de beaucoup de sacrifices.

Job Ndekola
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