Au moins 250 détenus de la prison centrale de Kabare ont été transférés mercredi 24 novembre 2021 à la prison centrale de Bukavu, afin de permettre l’avancement des travaux de transformation de cette maison carcérale en une prison de juridiction militaire. Dans un communiqué rendu public ce vendredi 26 novembre 2021, Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) craint que ces détenus supplémentaires ne soient à la base de l’exacerbation des violations graves des droits humains, notamment le manque de nourriture et de médicaments, à la prison centrale de Bukavu. PPI demande l’accélération des travaux de réhabilitation de la prison de Kabare, afin que les détenus condamnés par les juridictions militaires y soient transférés «le plus tôt».
COMMUNIQUÉ
Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI), une organisation de droit congolais à mandat régional œuvrant pour la promotion de la paix et la protection des défenseurs des droits humains, a suivi avec attention le transfert d’au moins deux cent cinquante (250) détenus de la prison centrale de Kabare vers la prison centrale de Bukavu, le mercredi 24 novembre 2021, afin de faciliter les travaux de réhabilitation et transformation de cette maison carcérale qui sera désormais la prison militaire du Sud-Kivu.
Considérant ses multiples rapports de monitoring des milieux carcéraux publiés, particulièrement sur les prisons centrales de Kabare et Bukavu, à travers lesquels il n’a cessé de plaider pour la séparation des détenus militaires des civils, PPI salue à sa juste valeur cette première avancée significative de voir le début des travaux de rénovation et transformation de la prison de Kabare. PPI profite de l’occasion pour encourager la division provinciale de la justice, mais également remercier la mission onusienne (MONUSCO) pour cet appui qui ne vise que l’amélioration des conditions carcérales au Sud-Kivu, comme ne cessent de le recommander les rapports de monitoring effectué par PPI en milieux de détention. Point n’est besoin de rappeler que d’après ces différents rapports, plus de 90% de cas de tortures enregistrées dans les prisons de la RDC sont commis par les détenus militaires, à travers le phénomène « du gouvernement de Capita » dont ils sont souvent les responsables.
Par ailleurs, PPI note qu’hormis les conditions de détention en générales qui laissent à désirer, la prison centrale de Bukavu comptait déjà à elle seule plus de 1700 détenus, alors qu’elle a été construite pour une capacité d’accueil de 500 personnes.
Ceci étant, PPI craint que le fait d’y ajouter 250 autres détenus en provenance de la prison de Kabare, soit finalement plus de 2000 détenus préventifs et condamnés confondus, ne soit à la base d’autres violations graves des droits humains telles que l’accentuation des actes de torture, de traitement inhumain et dégradant, le manque de nourriture et médicaments, etc.
Bien plus, la plupart des détenus transférés de la prison centrale de Kabare étant préventifs, une attention particulière devrait être accordée afin de se rassurer que les audiences publiques et en chambre de conseil se poursuivent en leur faveur dans le délai légal.
Eu égard à ce qui précède, PPI recommande ce qui suit :
Aux divisions provinciales de la justice et droits humains de :
- Faire accélérer les travaux de réhabilitation et transformation de la prison de Kabare afin que ceux-ci prennent fin dans un meilleur délai ;
- Renforcer les mesures de sécurité et surveillance dans et autour de la prison centrale de Bukavu afin d’éviter que cette augmentation des détenus en ce lieu ne soit à la base des évasions et violations des droits humains, voire l’insécurité dans toute la ville de Bukavu ;
- Transférer les condamnés définitifs vers d’autres prisons de la province, voire de la république hautement sécurisées afin de désengorger la prison centrale de Bukavu.
- Au Tribunal de Grande Instance de Kavumu et Tribunal de Paix de Kabare de planifier l’organisation des audiences foraines à la prison centrale de Bukavu afin de poursuivre avec l’instruction des dossiers des détenus préventifs qui y sont transférés.
Au gouvernement provincial du Sud-Kivu de :
- Veiller à l’amélioration et à la régularité de la subvention accordée aux prisons de Kabare et Bukavu pour l’alimentation et les médicaments, tout en continuant à mener le plaidoyer pour la dotation du gouvernement central ;
- Améliorer les conditions de travail des agents (médecins, infirmiers et autres membres du personnel) à la prison centrale de Bukavu.
Ainsi fait le 26 novembre 2021
Pour PPI
Maître Pascal Mupenda
Directeur des Programmes RDC
Un commentaire
Pingback: Sud-Kivu: la Fondation Serge Bahati débute les travaux de réhabilitation des routes à Kabare - La Prunelle RDC