Intervenons-nous

La tension est montée d’un cran depuis quelques jours à la suite de l’intronisation d’un Chef de Groupement de Bijombo, Chefferie des Bavira, territoire d’Uvira au Sud-Kivu.

En effet, en présence de plusieurs responsables politiques dont le ministre Alexy Gisaro, la communauté Banyamulenge a intronisé Furaha Sebasonera Fidèle comme nouveau chef de groupement de Bijombo, à la fin du mois d’Août dernier dans la ville de Bukavu.

La communauté avait alors annoncé que celui-ci remplaçait son défunt père Sebasonera Obed.

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Quelques heures plus tard, les voix s’élèvent pour dénoncer « un complot » contre la Chefferie des Bavira et sa communauté. Nombreux disent ne pas comprendre comment un Chef Coutumier de Bijombo a été intronisé sans l’aval du mwami des Bavira.

« Le pays des Bavira n’a jamais été dirigé par deux rois, d’où le scénario dont engage lui seul monsieur Alexis Gisaro, ministre d’État aux obsèques de monsieur Sebasonera qui fut Chef de groupement ai depuis la date du 1er mars 2016 et révoqué officiellement le 27 avril 2016 par l’autorité hiérarchique compétente, le mwami Kolo et Chef de la Chefferie des Bavira prouve bien que monsieur Sebasonera ne faisait plus fonction dans la notabilité dans notre Chefferie des Bavira. C’est pourquoi, nous rejetons en bloc toutes les allégations poussées par Alexis Gisaro, ministre d’État » dit une déclaration faite par Mupipi Matenga, Parole-Parole du Mwami Kolo Lenghe Lwengeza 3 Edmond, Grand Chef Coutumier des Bavira.

Byamungu Zembe-Zembe Jean-Pierre, Secrétaire et Porte-Parole de Lubunga des Bavira est formel : c’est le mwami qui intronise et désigne le Chef de groupement parce que c’est une entité coutumière.

« La Chefferie des Bavira n’a qu’un seul Mwami et le groupement de Bijombo est un groupement coutumier de la Chefferie des Bavira. Dans la procédure coutumière, c’est le mwami qui intronise un Chef de groupement entrant en cas de décès d’un Chef de groupement (s’il l’était). Monsieur Sebasonera Kabarure qui est mort, n’a même pas été enterré coutumièrement parce qu’il ne l’est pas. Le clan Banyamulenge n’est pas un clan de la Chefferie des Bavira, ce sont des résidents de Bijombo comme d’autres communautés (Babembe, Banyindu, Bafulero, etc 😉 mais c’est la juridiction coutumière de la Chefferie des Bavira dirigée par la famille régnante. Tout ce que les Nyarugabo et Gisaro ont fait est nul et sans effet. Nous alertons l’opinion nationale et internationale sur ce plan machiavélique. Pendant que nous sommes en pleine sensibilisation pour la cohabitation pacifique, eux sont en train de chercher une terre identitaire », dit-il.

Celui-ci donne un délai de 72 heures pour retirer ce « tralala ».

« La guerre de conquête des terres est dépassée. Ils ne réussiront jamais parce que c’est déjà révolu. La subdivision administrative de la République Démocratique du Congo a déjà bel et bien eu lieu et ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut venir réclamer une terre. C’est une provocation. Nous n’accepterons jamais ».

Une décision, qui, insiste-t-il, viole la loi sur le statut du Chef Coutumier. Comment un simple taxateur de la Chefferie peut-il être intronisé Chef de groupement? s’interroge-t-il.

« Nous avons nos limites par la subdivision administrative depuis l’époque coloniale. Un taxateur, simple habitant de Bijombo ne peut pas devenir Chef Coutumier. Il est venu de quelle lignée. Cela est en violation de la loi portant Statuts du Chef Coutumier. Tout Muvira doit se lever pour combattre cet esprit occupationniste ».

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En attendant, le nouveau Chef de groupement de Bijombo intronisé à Bukavu promet de lutter en faveur du retour de la paix pour les habitants de la région. Il promet de travailler avec le gouvernement congolais pour que la paix revienne dans les Hauts Plateaux d’Uvira, Fizi et Itombwe (Mwenga).

Pour l’instant, cette situation risque encore une fois de raviver la tension déjà perceptible dans la région des Hauts et Moyens Plateaux d’Uvira, Fizi et Itombwe. Une tension qui s’est soldée par la perte en vies humaines, le déplacement des populations, la destruction des champs, le vol des bétails, etc.

Jean-Luc M.
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