Intervenons-nous

La République démocratique du Congo célèbre chaque le 30 avril la journée de l’enseignement. Alors que le président de la République avait annoncé la gratuité de l’enseignement de base sur toute l’étendue du pays; le retour de la prise en charge des enseignants par les parents (prime) à Bukavu crée la méfiance entre enseignants, parents et autorités, au détriment de l’éducation des enfants.

Anastasie M’Cihasha est une vendeuse de légumes dans le marché de Kadutu à Bukavu. Elle fait savoir qu’elle ne s’est jamais sentie heureuse de sa vie; comme quand le président avait mis fin à la prise en charge de l’enseignement par les parents.

Veuve et mère de 6 enfants, elle dit avoir trouvé dans la mesure du chef de l’Etat une occasion de scolariser ses enfants. «Je suis vite partie les inscrire tous et je me suis battue pour acheter des uniformes et des cahiers,» dit-elle.

La joie de cette femme s’est vite transformée en souffrance, car une année après; les responsables des écoles primaires ont commencé à exiger aux parents le paiement des frais scolaires, bafouant la mesure du chef de l’Etat.

«Maintenant je me bat pour expliquer à mes enfants qu’ils ne pourront plus continuer les études; comme je n’ai pas assez de moyens pour les scolariser,» dit Anastasie M’Cihasha qui indique ne pas comprendre ce qui avait poussé le président à « tromper » les parents pauvres.

«Nous avions déjà compris que nos enfants n’avaient pas droit aux études dans ce pays. Mais venir nous tromper jusqu’à ce point, c’est vraiment inexplicable », déclare-elle, larmes aux yeux.

Il faut dire que c’est depuis la reprise des cours après un temps d’arrêt suite au coronavirus; qu’il s’observe le retour des frais scolaires dans les écoles confessionnelles et publiques.

Ces frais sont exigés à l’école primaire, portant concernée par la gratuite. Dans les écoles secondaires ce sont des frais « illégaux » qui sont perçus, pourtant interdites par l’arrêté du Ministre national de l’enseignement primaire, secondaire et technique.

L’arrêté du Gouverneur de province fixant des frais à percevoir dans les écoles secondaires est aussi bafoué, mais déjà, des habitants ne cessent de décrier le silence des autorités face à cette situation.

Dans une correspondance adressée au PROVED Bukavu I, l’association des enseignants nouvelles unités, avait listé les écoles dans lesquelles ces frais sont exigés. Elle l’avait appelé à prendre une mesure contre les dirigeants de ces écoles, mais rien jusque-là n’a été fait.

Une situation qu’a du mal à comprendre Mugisho Balola, habitant de la ville de Bukavu. Il se dit ne pas comprendre comment des « simples » directeurs d’écoles primaires peuvent bafouer une mesure du chef de l’Etat sans être inquiétés. « Ça dénote de la complicité », indique-t-il.

A l’Athénée d’Ibanda, une école officielle, ce sont des enseignants qui sont en grève pour exiger à ce qu’ils soient autorisés à percevoir également les frais scolaires comme les font déjà d’autres écoles. Ils évoquent une politique de deux poids deux mesures. Deux poids, deux mesures en effet, parce que dans le secteur conventionné (Catholique et Protestant), la prime se paie officiellement.

Cet état de chose pousse certains analystes à dire que la journée du 30 avril servirait au Gouvernement de réfléchir sur ce qu’il veut vraiment de l’enseignement au pays; afin de fixer le cap et ne pas laisser les parents à la solde des directeurs et préfets d’écoles.

Thomas Uzima

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